Le London Philharmonic Orchestra à Bozar avec la Neuvième de Mahler

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Ce mardi 6 décembre a lieu le concert du London Philharmonic Orchestra à Bozar. La phalange londonienne est placée sous la direction de son « Conductor Emeritus » Vladimir Jurowski. En effet, le chef russe a obtenu ce titre après avoir été pendant quinze ans le chef principal du LPO. Au programme de cette soirée, la Neuvième Symphonie en ré majeur de Gustav Mahler. 

Une fois l’orchestre accordé, le chef entre sur scène. Il attend cependant un long moment avant de lancer l’interprétation de cette symphonie. En effet, un public trop peu silencieux à son goût ne permet pas de commencer l'exécution de cette œuvre magistrale. 

Le premier mouvement, Andante comodo, considéré comme le plus complet écrit de la main de Gustav Mahler commence finalement. Les premières notes, quelque peu hésitantes, énoncent les premiers thèmes du mouvement. Cette hésitation disparaît quelques mesures plus tard lorsque le thème principal en ré majeur est exposé avec sérénité par les premiers violons. Après cela, la musique devient plus grave et dramatique. Chaque pupitre joue comme un seul homme et une grande cohésion unit les différents pupitres de l’orchestre. Ce mouvement allie des passages d’une grande douceur avec des pianissimo à peine perceptibles et des passages tourmentés laissant entrevoir la puissance de l’orchestre.

Les brillants solos interprétés par les premiers solistes de l’harmonie, les violoncelles et le Konzertmeister (Pieter Schoeman) rehaussent l'interprétation de ce premier mouvement.

Ce dernier se termine de manière céleste avec une note aiguë tenue par les violoncelles et des pizzicati parfaitement en place du reste des cordes. 

Le début énergique du deuxième mouvement, Im tempo eines gemächlichen Ländlers, nous ramène sur terre. C’est une interprétation engagée avec un côté quelque peu sarcastique qui nous est proposée. L’harmonie et ses nombreuses interventions ponctuent avec brio les thèmes exposés par les cordes. Ceux-ci sont d’une unité remarquable, les deuxièmes violons donnant admirablement la réplique aux premiers violons. La première altiste (Catherine Ribes) se distingue par un solo maîtrisé empli de musicalité. Ce mouvement s’achève calmement et avec nostalgie.

Le troisième mouvement, Rondo-Burleske, débute avec des trompettes tonitruantes. Quelle énergie dont fait preuve le LPO dans cette partie de l’œuvre. Nous sentons l’engagement de chaque musicien. Le chef gère de main de maître la phalange londonienne et a un réel impact sur l’interprétation livrée ce soir. Un solo brillant du premier trompettiste (Paul Benitson) précède un passage d’une grande sensibilité qui nous emmène ailleurs dans le tumulte de cet Allegro assai. Il faut également souligner les pianissimos d’une grande qualité offerts notamment par des cordes malgré les quelque 100 musiciens présents sur scène. Ce mouvement se clôture de manière magistrale sur la reprise du thème principal de ce Rondo-Burleske.

Le dernier mouvement, Adagio, débute avec les cordes reprenant dans le grave, avec sérénité et intensité, le thème de la valse du deuxième mouvement, nous donnant l'occasion de frissons. Un magnifique solo de la première violoncelliste (Kristina Blaumane) nous berce. Contrairement à toutes les symphonies précédentes de Mahler, ce mouvement se termine tout en douceur, comme un adieu pour l’au-delà. Après un silence empli d’émotion, une standing ovation récompense le London Philharmonic Orchestra et Vladimir Jurowski pour cette performance d’une grande qualité. Chaque pupitre a pu démontrer l’étendue de son talent sans nuire à l’interprétation de cette œuvre. Le chef russe fait preuve d’une grande humilité et de sobriété. Il s’est mis au service de la musique, emportant l’orchestre avec lui. La phalange londonienne démontre une fois de plus qu’elle fait bel et bien partie des meilleures formations orchestrales du moment. Il suffit de voir comment l'interprétation de cette symphonie a été acclamée et applaudie pendant de longues minutes pour s’en rendre compte.

Bruxelles, Bozar, le 6 décembre 2022

Thimothée Grandjean, Reporter de l’Imep

Crédits photographiques : DR

 

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