Le Festival Enescu de Bucarest : abondance et variations sur un monde en harmonie

par

« The world in harmony » (le monde en harmonie) était le thème de l’édition 2019 du George Enescu International Festival, du 31 août au 22 septembre, avec pour directeur artistique le chef russe Vladimir Jurowski. Les musiciens et ensembles les plus prestigieux se sont succédé, souvent au rythme de trois ou quatre concerts par jour, dans la Sala Palatului (la grande salle de concert) ou dans le plus intime Romanian Athenaeum (Ateneul Roman), avec même des « concerts de minuit »

L’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo se produisait sur la scène de l’Athenaeum dans la série « Recitals and chamber music », une définition peu adéquate pour les programmes présentés. Pas de problème avec la Ballade pour violon et orchestre d’Enescu ou l’Andante Cantabile et les Variations sur un Thème Rococo op 33 pour violoncelle op. 33 de Tchaikovsky. Mais il est plus difficile de rangefr la Symphonie pathétique de Tchaikovsky dans cette catégorie ! La scène de l’Athenaeum peut à peine accueillir tous les musiciens de  l’Orchestre et le son ne peut pas vraiment se déployer. C’est aussi le cas pour le deuxième concert de l’orchestre qui accompagne un programme élaboré autour de Bryn Terfel avec, entre autres, le prélude à l’acte 3 de Lohengrin et la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner.

Mais revenons au premier concert et la belle prestation de Maxim Vengerov dans la Ballade d’Enescu et puis à la tête de l’orchestre pour accompagnaer idéalement Gautier Capuçon dans ses belles exécutions des œuvres de Tchaikovski, son chaud et vibrant et grande force expressive. Le public jubile et veut retenir le soliste. La Pathétique est d’ailleurs accueillie avec plus de réserve : public est venu pour Gautier Capuçon.

Le lendemain, le chef Gareth Jones et le baryton gallois Bryn Terfel doivent se frayer un passage entre les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo qui occupent la scène de l’Athenaeum pour un « special program with Sir Bryn Terfel » avec des œuvres de Wagner, Tchaikovsky, Boito, Weill, Rodgers & Hammerstein, Loewe & Lerner et Bock. La star, c’est bien sûr Terfel qui déploie tous les aspects de son immense talent, offrant aussi bien Wotan que Mefistofele, Kurt Weill ou des musicals de Broadway. Sa voix impressionnante, son talent dramatique et sa bonhomie conquièrent le public et créent une atmosphère unique. Bravo à l’orchestre qui l’a suivi dans ces répertoires diversifiés, pas toujours convaincant mais bon enfant sous la direction d’un chef assez timide.

Si la salle de l’Athenaeum était bondée pour les deux concerts de l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo, la Kremerata Baltica, dirigé par Gidon Kremer, y a attiré beaucoup moins de monde. Au  programme des compositions de Mieczyslaw Weinberg, Dinu Lipatti et George Enescu avec, en solistes, Gidon Kremer et Pascal et Ami Rogé. La musicalité de Gidon Kremer, soliste ou chef, est fidèle au rendez-vous dans les exigeantes compositions de Weinberg -dont sa Symphonie No 10 , comme la virtuosité de Pascal et Ami Rogé dans la Symphonie concertante de Dinu Lipatti, alternant avec les charmes de l’ Intermezzo op 12 et l’Aria et Scherzino pour violon et orchestre d’Enescu. Toujours à l’Athenaeum, le festival proposait ses « By Midnight Concerts » où nous avons retrouvé  René Jacobs pour l’opéra Leonore de Beethoven en version concert avec le Freiburger Barockorchester, la Zürcher Sing Akademie et les solistes Birgitte Christensen (Leonore), Joshua Ellicott (Florestan), Christian Immler (Rocco), Johannes Weisser (Pizarro), Robin Johannsen (Marzelline), Nikolaus Pfannkuch (Jacquino) en Torben Jürgens (Don Fernando). La scène de l’Athenaeum est à nouveau bien chargée mais les chanteurs peuvent évoluer et donner vie à une action scénique. René Jacobs, ses musiciens et solistes offrent un ensemble homogène de haut niveau dont le public l’a chaleureusement remercié.

Pendant ce temps, dans la grande salle du palace Hall, les grands orchestres internationaux se succédaient présentant des programmes originaux. Nous avons découvert "De Profundis"  « De profundis » une composition impressionnante et émouvante d'Alexey Retinsky (°1986) magistralement exécuté par le « State Academic Symphony Orchestra of Russia » dirigé de façon très sobre mais combien effective par Vladimir Jurowski.

Erna Metdepenninghen

Bucarest, les 11, 12 et 13 septembre2019

Crédits photographiques : Fabien Monthubert

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.