Le message de paix de Joyce DiDonato

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20h10. Le silence et le noir se posent dans la salle Henry Le Bœuf archicomble à Bozar (Bruxelles) et Joyce DiDonato qui attend, immobile depuis l’ouverture de la salle, peut entamer son rêve. Celui de produire autre chose, quelque chose de différent, hors du commun et porteur d’un message fort, à l’image du titre de cette production : In war and peace : harmony trough music.Cette représentation à Bruxelles marque le début de la tournée mondiale de promotion du nouvel album du même nom. Le spectacle commence et il tiendra le public en haleine jusqu’au tout dernier point d’orgue : ce n’est pas uniquement un concert mais une véritable symphonie des arts que la chanteuse américaine nous a proposée ce soir. Et elle a collaboré avec une équipe exceptionnelle qui n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre ces arts au service de la musique : les éclairages de Henning Blum, les montages vidéos imaginés par Yousef Iskandar- avec quelques problèmes techniques qui constituèrent peut-être le seul bémol de la soirée-, les chorégraphies contemporaines de Manuel Palazzo, et les costumes de Vivienne Westwood et Lasha Rostobala, le tout mis en scène et produit par Ralf Pleger et la chanteuse elle-même.
Au niveau musical, Joyce DiDonato est bien entourée aussi : elle est accompagnée par l’orchestre Il Pomo d’Oro, ensemble baroque italien jeune et dynamique fondé en 2012 qui occupe déjà le devant des plus grandes scènes internationales, placé sous la direction de Maxim Emelyanychev, musicien fantastique et discret, à la fois chef, claveciniste ou encore cornettiste à bouquin. Ensemble, ils interprètent quelques-uns des plus beaux airs pour mezzo (« When I am laid in earth » extrait de Dido and Aeneas de Purcell, « Lascia ch’io pianga » de Rinaldo de Händel, « Da tempeste il legno infranto » de Giulio Cesare du même compositeur ou encore « Par che di giubilo » de Attilio Regolo de Jommelli), alternant avec des parties plus instrumentales, notamment des Sinfonia baroques et Da pacem d’Arvo Pärt. L’aria « Augelletti, che cantata » extrait de Rinaldo de Händel, sorte de dialogue entre la mezzo-soprano et la flûtiste à bec Anna Fusek -également violoniste de l’orchestre- apporte une touche plus légère. Avant de quitter la salle sur le lieder Morgen de Richard Strauss, particulièrement efficace et véritable message d’espoir, la chanteuse s’est adressée au public, expliquant sa démarche, tout comme le fait la carte postale « A message for you, from Joyce » qu’elle a laissée à son intention et répondant à sa propre question posée sur cette carte et sur le site spécialement dédié à cette tournée mondiale : au milieu du chaos, où trouvez-vous la paix ? Les plus sévères pourraient juger que cet immense show aux moyens démentiels est un peu too much, mais il n’en reste pas moins vrai que Joyce DiDonato, aujourd’hui l’une des mezzos les plus en vogue de la planète, reste très impliquée musicalement et nous a donné, par ce spectacle, un véritable hymne à la paix bien bénéfique en ces temps troublés.
Guillaume Knop, Reporter de l’Imep
Bruxelles, Bozar, le 17 novembre 2016

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