Le piano fantasque d’Aram Khachaturian par Victoria Terekiev

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Un Arménien à Moscou, volume I. Aram Khachaturian (1903-1978) : Deux Pièces ; Poème ; Album pour enfants, Livre I ; Toccata ; Sonatine ; Suite Mascarade. Victoria Terekiev, piano. 2022. Notice en anglais. 67.25. Da Vinci Classics C00624.

L’indication « volume I » semble être annonciatrice d’une intégrale de l’œuvre pianistique d’Aram Khachaturian signée par Victoria Terekiev, née à Milan d’un père bulgare et d’une mère italo-bulgare. C’est dans la cité de la Scala que l’artiste a entamé ses études, poursuivies avec Paul Badura-Skoda, Alfons Kontarski ou Tatiana Nikolaeva, ainsi qu’avec Antonio Janigro et le Trio de Trieste pour la musique de chambre. La soliste compte à son actif discographique des pages de Malipiero (Era Nuova), de compositeurs bulgares du XXe siècle (Gega New), un récital consacré à Pancho Vladigerov et des pièces pour quatre mains de Respighi, Malipiero et Martucci avec Gilda Buttà (les deux fois pour Da Vinci, déjà), ainsi qu’un programme de musique de chambre de Donizetti (Brilliant). 

Le programme Khachaturian ici proposé est un panorama qui débute en 1926 pour s’achever en 1958. Né dans un faubourg de Tiflis, ancien nom de Tbilissi, la capitale de la Géorgie où son père est relieur, Khachaturian vient à Moscou en 1920 pour étudier le violoncelle et la composition à l’école Gnessine, avant d’entrer au Conservatoire auprès de Miaskovski. Il compose rapidement des morceaux qui sont appréciés, tels les Deux Pièces de 1926 ou le Poème en hommage à Scriabine et un Andantino de 1927 qui sera la première pièce de l’Album pour les enfants

On y découvre un créateur de petites formes en recherche d’un style personnel, qui s’affermit en 1932 dans une Toccata à la Prokofiev, rythmée et dansante, qui deviendra célèbre. Après la Seconde Guerre mondiale, le compositeur développe son Album pour enfants, l’essentiel du Livre I étant composé en 1947. Dans un esprit pédagogique, ces morceaux, simples et intelligibles, sont à destination d’un jeune public. Quant à la Sonatine de 1958, destinée à des étudiants, elle est écrite de manière virtuose, en trois parties, dont un Adagio touchant. 

Victoria Terekiev interprète cet ensemble de manière assez neutre, le relief accordé aux divers morceaux demeure quelque peu en surface. Il ne nous semble pas atteindre, en ce qui concerne l’Album pour les enfants, la vitalité de Tristan Pfaff (Ad Vitam, 2019), ni les nuances de Charlene Ferrugia (Grand Piano, 2020). La soliste se libère un peu plus spontanément dans la transcription pianistique de la suite orchestrale tirée de la musique de scène de 1941, Mascarade, en particulier dans la Valse, sans atteindre l’investissement des trois extraits proposés par l’Arménienne Kariné Poghosyan (Grand Piano, 2015). 

Son : 9  Notice : 8  Répertoire : 8  Interprétation : 7  

 Jean Lacroix



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