Le piano mis à nu
Vladimir SOFRONITSKY
(1901 - 1961)
Enregistrements de concert (cinq CD et un DVD)
DDD–2016–60’ 35’’, 78’ 58’’, 59’ 35’’, 52’ 42’’, 66’ 13’’ et 44’ 57’’–Texte de présentation en russe, anglais et français–Melodyia 10 02312
Le nom du pianiste russe Vladimir Sofronitsky est généralement associé à Alexandre Scriabine, dont il a épousé la fille aînée, Elena, et dont il reste sans doute, avec Vladimir Horowitz, le meilleur interprète. Il ne faudrait pas oublier pour autant que Vladimir Sofronitsky a aussi été un très grand schumannien et que ses exécutions d’œuvres telles que les Études symphoniques, la Sonate n° 1 en fa dièse mineur ou encore le merveilleux Carnaval sont d’une suavité inouïe et qu’elles donnent en plus l’incroyable impression de couler entre ses doigts, ainsi qu’on peut en juger en se procurant ce coffret de cinq disques édités sous le label Melodyia (naguère soviétique). Il s’agit d’enregistrements effectués lors de divers concerts qu’il a donné dans les années 1950 et en 1960, peu de temps avant son décès, à la grande et à la petite salles du Conservatoire de Moscou et au musée Scriabine de la même ville. Ce sont tous des moments magiques, pour ne pas dire des moments de grâce musicale, un peu comme si Vladimir Sofronitsky était ailleurs et jouait du piano sur une autre planète, loin des aléas et des vicissitudes du monde, et comme si les applaudissements qu’on entend après chacune de ses exécutions venaient pareillement d’ailleurs.
Alexandre Scriabine et Robert Schumann ne sont pas les seuls compositeurs célébrés sur ces disques. On y trouve également Wolfgang Amadeus Mozart, Franz Schubert, Franz Liszt, Claude Debussy, Anatoli Liadov, Serge Rachmaninov, Serge Prokofiev et Dimitri Chostakovitch. Et puis Frédéric Chopin avec les deux Nocturnes op. 15, le Scherzo n° 1 en si mineur op. 20 et le Scherzo n° 2 en si bémol mineur op. 31 – des pièces que Vladimir Sofronitsky met littéralement à nu.
Le DVD réalisé par le cinéaste et scénariste Andrei Konchalovsky et inclus dans le coffret est décevant. Non seulement il ne contient aucune image filmée de Vladimir Sofronitsky, mais il n’apporte rien de neuf ni d’original à son sujet, rien en tout cas qu’on ne savait déjà. Par exemple qu’il était un homme imprévisible et qu’il admirait ses homologues Sviatoslav Richter et Van Cliburn (qui, lui, a droit à une très courte séquence filmée !). Dommage, dommage.
Jean-Baptiste Baronian
Son 9 – Livret 7 – Répertoire 10 – Interprétation 9