Les 80 ans de Krzysztof Penderecki – 4

par

Krzysztof Penderecki et Marek Janowski
après une brillante exécution de la 2e Symphonie
© Bruno Fidrych

Le rendez-vous du soir était à nouveau dans la grande salle de la Philharmonie avec l’excellent Orchestre Philharmonique de Varsovie. Quatre chefs pour quatre œuvres symphoniques marquantes : Jerzy Maksymiuk, Rafael Payare, Long Yu et Marek Janowski. La soirée débutait avec Dimensions du Temps et du Silence (1960), une œuvre de recherche pour chœur, cordes et percussions -dont le piano. Jeux sur les micro-intervalles, effets choraux, finement conduits par le chef polonais Jerzy Maksymiuk. Vint ensuite le Double concerto pour violon et alto avec, en solistes, Fumiaki Miura et Julian Rachlin pour qui d’ailleurs le concerto fut composé. Cette fois, Rachlin tint la partie d’alto avec une incomparable maîtrise et une sonorité charnue qui se fondait magnifiquement au son du violoniste. Je m’arrêterai un instant sur la découverte d'un magnifique musicien, Rafael Payare, un chef d’orchestre de 33 ans qui a travaillé avec José Antonia Abreu avant de devenir l’assistant de Gustavo Dudamel –dont il a gardé une bonne part de la gestique, de Claudio Abbado et de Daniel Barenboïm. L’an dernier, il a gagné le Concours Malko de Copenhague. Et ce n’est que justice : ce jeune chef fait montre de toutes les qualités d’un « grand » et imprime à l’orchestre une grande force dramatique. Suivent Trois chants chinois pour baryton et orchestre à cordes (2008) d’inspiration mahlérienne, auxquels le compositeur compte ajouter quatre nouvelles pièces, donnés par le baryton Thomas Bauer avec un raffinement extrême, fusionnant la voix à l’orchestre. Notons la créativité sans relâche de l’octogénaire occupé aujourd’hui sur un opéra, Phaedra pour le Staatsoper de Vienne avec, toujours sous la manche, une Passion selon St. Jean et la fin de la 6e Symphonie… « Je devrais vivre encore cinquantte ans... » dit-il avec bonhomie mais l’œil alerte !
La deuxième partie de la soirée était consacrée à la 2e Symphonie sous la direction de Marek Janowski à qui s’était joint le Chœur Philharmonique de Narodowej. Elle est aussi appelée Christmas Symphony du fait de la citation à trois reprises des quatre premières notes du Stille Nacht (le compositeur avoue avoir commencé à l’écrire lors d’un réveillon de Noël). Janowski, en plein travail sur les symphonies de Bruckner, y imprima l'accent qui donne à cette grande arche symétrique toute sa saveur, sa réflexion sur la révolte, le triomphe, la résignation, la défaite, autant de couleurs du climat politique de la Pologne autour des années ’80. Et c’est sans surprise que Marek Janowski et ses phalanges recueillirent une « standing ovation » nourrie de « bravos ».
Signalons au passage que les 80 ans de Penderecki, c’est aussi l’occasion pour la poste polonaise d'émettre un timbre de 3,80 zl représentant le compositeur-chef d’orchestre.
Bernadette Beyne
Varsovie, le 19 novembre 2013

Le plateau de la Philharmonie
Le plateau de la Philharmonie
Rafael Payare, un nom à retenir
Rafael Payare, un nom à retenir

Les commentaires sont clos.