Les mélodies du bonheur
Claude DEBUSSY
(1862 - 1918)
Mélodies
Emöke BARATH (soprano), Emese VIRAG (piano)
DDD–2017–61’ 19’’–Texte en anglais et en hongrois–Hungaroton HCD 32795
Au cours de son existence – trop courte, hélas ! –, Claude Debussy a écrit près d’une centaine de mélodies, mais plusieurs d’entre elles ont disparu, et il n’est pas impossible que certaines resurgiront un jour, au hasard d’une heureuse découverte dans une collection particulière. C’est un genre que l’auteur appréciait beaucoup, lui qui s’était lié avec de nombreux écrivains, tels que Pierre Louÿs et Stéphane Mallarmé, lui qui vénérait Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire et Paul Verlaine. Il devait d’ailleurs mettre en musique vingt des poèmes de ce dernier, entre 1882 et 1904, dont les cinq du premier recueil des Fêtes galantes (Pantomime, En sourdine, Mandoline, Clair de lune et Fantoches), sans conteste un de ses grands chefs-d’œuvre – des mélodies étonnamment originales, comme écrites avec de légères bouffées de vent, enchanteresses à souhait, tour à tour lumineuses et lunaires.
Accompagnée par Emese Virag, la soprano hongroise Emöke Barath en donne ici une interprétation soignée, mais manquant peut-être de chaleur, cette dimension indispensable dans l’exécution des mélodies de Claude Debussy, même celles qui n’égalent pas la suave beauté des Fêtes galantes. Mais il y a un miracle chez le génial compositeur de La Mer : rien de ce qu’il a écrit n’est réellement mineur, comme on peut le constater en écoutant Apparition de Stéphane Mallarmé ainsi que les huit mélodies sur des poèmes de Paul Bourget, qu’on pourrait comparer à des exercices de style et dans lesquelles des musicologues ont vu une inspiration russe, en particulier l’influence d’Alexandre Borodine. En revanche, Emöke Barath chante fort bien les Trois Chansons de Bilitis tirées de Pierre Louÿs, surtout la deuxième des trois, La Chevelure, qu’on croirait directement sortie de Pelléas et Mélisande et qui est pur joyau. Les mélodies du bonheur musical (en prévision de l’année Debussy, dont se réjouissent d’ores et déjà tous les mélomanes aux quatre coins du monde).
Jean-Baptiste Baronian
Son 9 – Livret 5 – Répertoire 10 – Interprétation 8