L’Orchestre Symphonique de la Monnaie en démonstration symphonique

par

Ce vendredi 30 décembre a lieu le dernier concert de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie à Bozar. Ce dernier clôture le 250e anniversaire de la phalange bruxelloise placée sous la direction de son Directeur Musical Alain Altinoglu. Le chef français est accompagné pour l’occasion de la brillante pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Au programme de cette soirée, Sigurd Overture d’Ernest Reyer, les Variations Symphoniques de César Franck et la célèbre Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. 

L’opéra Sigurd d’Ernest Reyer a été créé à la Monnaie en 1884 et fait partie de l’un des moments les plus glorieux de la maison d’opéra bruxelloise. Cette ouverture très peu jouée est choisie pour ouvrir le bal de cette dernière soirée musicale. Le début est intense mais il y a aussi une certaine solennité. La suite est bien plus tranquille. Alors que les cordes jouent avec délicatesse, de magnifiques solos de la part de la clarinette, du cor et du hautbois émergent de l’orchestre. Tout s’anime, laissant place à un grand tutti dégageant une belle énergie tout en gardant de beaux contrastes. Une nouvelle période calme se profile avec de nouveaux solos exécutés avec brio par l’harmonie. La fin de l’ouverture avec la sonnerie de trompette est triomphale. Un public déjà conquis applaudit plus que vivement cette première interprétation de la soirée.

Place aux Variations Symphoniques pour piano et orchestre de César Franck. Avec la Symphonie en ré mineur, cette pièce fait partie du répertoire le plus connu et le plus joué du compositeur belge. La soliste du soir est la pianiste roumaine Alexandra Dariescu. Cette artiste à la renommée internationale collabore régulièrement avec de grands orchestres et de prestigieuses salles. 

Le début, d’une certaine gravité, laisse rapidement place à l’entrée de la pianiste pour quelques mesures. Sa première intervention, musicale, avec des contrastes, présage de belles choses pour la suite de l’œuvre. L’orchestre, et notamment les cordes, sont d’une grande précision dans les différentes interventions, comme dans les pizzicati par exemple. L’harmonie de son côté fait preuve d’une grande justesse dans l'intonation. L’équilibre entre l’orchestre et la soliste est excellent. À aucun moment, le piano n’est couvert par la phalange bruxelloise malgré un effectif assez conséquent. La sensibilité dont fait preuve la pianiste est touchante. Son jeu est élégant et raffiné mais elle tient tête à l’orchestre dans les grands tutti. Il faut aussi noter la belle complicité entre Alexandra Dariescu et Alain Altinoglu. Ce dernier prête une grande attention à la soliste et maitrise parfaitement l’orchestre pour en sortir le meilleur. Cette prestation est acclamée par un public plus que ravi. Alexandra Dariescu prend la parole pour remercier l’audience, souhaiter un bel anniversaire à l’Orchestre Symphonique de la Monnaie, à César Franck ainsi qu’une belle année 2023. Cette première partie se clôture sur un bis interprété au piano en duo par Alexandra Dariescu et Alain Altinoglu. Ils jouent un extrait du ballet Ma mère l’Oye de Maurice Ravel : Les Entretiens de la Belle et de la Bête. 

Pour la deuxième partie, place à une des pièces phares du répertoire symphonique : la Symphonie Fantastique de Berlioz. Inutile de présenter cette œuvre connue de tous. Le premier mouvement, Rêveries et passions, est tout simplement de toute beauté. Le début est d’une grande tranquillité mais plus on avance dans le mouvement, plus il y a d’intensité. La palette de nuances est grande et largement exploitée par Alain Altinoglu. Une grande cohésion unit des musiciens faisant preuve de précision et de musicalité. Le deuxième mouvement, Un bal, est festif et élégant. Les harpes se distinguent particulièrement dans cette partie de l’œuvre. De beaux solos dans l’harmonie égayent cette fête joyeuse comme le solo du clarinettiste soliste Paolo Poma à la fin de ce mouvement clôturé de manière triomphale. Le troisième mouvement, Scène aux champs, voit tout d’abord briller le cor anglais (Nieke Schouten) et le hautbois dans les coulisses joué par le hautboïste soliste Luk Nielandt. Par la suite, nous sentons les musiciens complètement engagés dans l’œuvre à l’instar d’un nouveau solo de la clarinette se terminant dans un magnifique pianissimo. Le mouvement d’un ton très pastoral se termine avec l’orage qui arrive par l'intermédiaire des timbales entre deux phrases musicales du cor anglais à nouveau joué avec brio. Le quatrième mouvement, Marche au supplice, est solennel et ténébreux avec les timbales, les cordes graves et l’arrivée triomphante des bassons au début du mouvement. Quelle énergie déployée dans cette partie de l’œuvre faisant la part belle aux cuivres et percussions. Un nouveau solo de la première clarinette retentit avant une fin magistrale de ce mouvement. Le cinquième et dernier mouvement, Songe d’une nuit de Sabbat, commence dans un climat mystérieux. Tout va cependant s’illuminer diaboliquement avec une brillante performance de l’harmonie lors du solo espiègle de la clarinette en mi b exécuté par Luk Nielandt rejoint par les quatre bassons déchaînés et jouant comme un seul homme. Les cloches en coulisses retentissent et laissent la place à un choral des cuivres graves et bassons qui va se développer pour terminer cette symphonie de manière triomphale et magistrale. 

C’est une performance de haut vol que nous livre l’Orchestre Symphonique de la Monnaie sous la direction de son excellent chef Alain Altinoglu. Ce dernier maitrise parfaitement les partitions et gère l’orchestre avec brio pour en tirer le meilleur. La palette des nuances est extraordinaire, que ce soit dans les pianissimo ou les fortissimo. L’énergie, le caractère, l’intensité, tout est au rendez-vous. Le public ne s’y trompe pas et réserve un tonnerre d’applaudissements, d’acclamations et une standing ovation. Alain Altinoglu prend la parole à la fin du concert pour féliciter le flûtiste Carlos Bruneel, par ailleurs auteur d’une grande prestation ce soir, pour le féliciter et lui souhaiter une belle pension. En effet, après 41 ans de bons et loyaux services, Carlos Bruneel part en retraite sous les applaudissements de l’orchestre et du public. 

Bruxelles, Bozar, le 30 décembre 2022

Thimothée Grandjean, Reporter de l’Imep

Crédits photographiques : Alain Altinoglu © Vincent Callot

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.