Măcelaru à la Maison de la Radio : l’oiseau et le sortilège

par dorama we are dating now sub español

Ce jeudi 28 novembre, Cristian Măcelaru dirigeait l’Orchestre National de France pour le public de la Maison de la Radio, attiré par un programme symphonique fort alléchant : le Poème pour orgue et orchestre (op. 9) de Jeanne Demessieux, le Concerto pour piano n°1 en sol mineur (op. 25) de Félix Mendelssohn, la suite de 1919 de L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky, et L’Apprenti sorcier de Paul Dukas. 

Le morceau de Jeanne Demessieux incarne une idée intéressante du principe concertant. Le morceau nous donne l’occasion d’apprécier plusieurs minutes de détachés opiniâtres, d’ostinatos obsessionnels – mais aussi des contemplations plus crépusculaires, aux accents jazz. Bref, un morceau complexe, riche, où le corps à corps de l’orgue avec les timbres de l’orchestre prend de multiples formes, et où le relief semble ne jamais cesser de changer. À la console, Lucile Dollat, appliquée et minutieuse.  

Là-dessus, entrée de Beatrice Rana pour le Mendelssohn. La pianiste enchaîna avec une vélocité étourdissante les péripéties de la main gauche, mais révéla aussi une grande subtilité dans le déploiement des thèmes -avec une parfaite souplesse qui effleurait le rubato mais n’y tombait jamais. Une performance remarquable, assez étourdissante. Coup de cœur pour le premier et le dernier mouvement.

L’exécution du Stravinsky fut particulièrement inspirée. Le public succomba immédiatement au récit de cette pièce extraordinaire et on eut le loisir d’apprécier la souplesse et l’homogénéité des relais entre pupitres, la qualité des attaques des cordes et des cuivres, le tout sous la baguette d’un Cristian Măcelaru qui finit par mouiller la chemise sur la « Danse infernale de Kachtcheï ». Le chef sut maintenir une belle férocité de la masse orchestrale, organisant la cacophonie avec beaucoup de maîtrise, puis nous mena avec volupté jusqu’au final de la pièce. 

Cristian Măcelaru livra enfin le Dukas avec passion, dans un geste emporté -mais sans céder à la tentation de prendre le morceau trop vite. Il faut dire que ce poème symphonique constitue une irrésistible gourmandise pour une fin de soirée. Le pupitre de bassons exécuta parfaitement le thème principal, avec ce détaché net quoique rebondi, qui fait tout le charme du morceau – et les cavalcades de l’orchestre étaient grisantes. 

Bref, des solistes en pleine forme pour la première partie, des figuralismes à foison pour la deuxième, et un public charmé pour couronner le tout.

Paris, Auditorium de Radio-France, le 28 novembre 2024

Crédits photographiques : Christophe Abramowitz

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