Magistrale Messa Di Gloria de Rossini par Antonio Pappano
Gioachino Rossini (1792-1868) : Messa di Gloria pour solistes, chœurs et orchestre. Eleonora Buratto, soprano ; Teresa Iervolino, mezzo-soprano ; Lawrence Brownlee et Michael Spyres, ténors ; Carlo Lepore, basse. Orchestra e coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Antonio Pappano. 2022. Livret en : allemand, anglais et français. 61’10. Warner Classics. 5054197234521.
Antonio Pappano, au pupitre de ses forces chorales et instrumentales romaines, continue d’explorer la musique sacrée italienne avec ce nouvel opus consacré à la très (et trop) rare Messa Di Gloria de Rossini qui n’avait pas été programmée dans le capitale italienne depuis une trentaine d’années.
A force de rareté, cette partition en est presque devenue mythique : composée pour l'Arciconfraternita di San Luigi à Naples lorsque le compositeur était directeur musical du Teatro di San Carlo, cette partition est dans un style très opératique. On s’éloigne d’un ton sacré pour une œuvre virtuose, narrative et colorée. Cependant ce brio est hérissé de redoutables difficultés, que ce soient les parties de ténors ou même des solos instrumentaux. Dans ce contexte, les exigences de cette partition sont un défi et il faut des interprètes redoutables pour les surmonter tant au niveau des exigences que de l’écriture et du style.
Dans une discographie famélique, l’Orchestra e coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia font figure de grands spécialistes de la partition car ils remettent l’ouvrage sur le métier, plus de 30 an après l’enregistrement sous la direction de Salvatore Accardo (Fonit). Antonio Pappano connaît les moindres recoins de cette musique en il en incarne le style à la baguette d’un orchestre à la plastique superbe, que ce soit dans les tutti ou les soli. Il faut citer les interventions solistes de Maria Irsara au cor anglais et d'Alessandro Carbonare à la clarinette qui déjouent avec brio les minis concertos que Rossini leur a réservés. Les chœurs se hissent à ce niveau d’exigence et la distribution vocale est fabuleuse avec en tête d’affiche le duo de ténors composé de Lawrence Brownlee et Michael Spyres. Rossiniens émérites, ils surmontent toutes les difficultés de cette Messa di Gloria. Le reste de la distribution est tout aussi fabuleux : les timbres séduisants et la fraîcheur stylistique de la soprano Eleonora Buratto et de la mezzo Teresa Iervolino. La prestation de la basse Carlo Lepore est également à saluer.
Bien évidemment, cet album est une référence indispensable aux rossiniens et aux amateurs de beau chant. La notice de présentation, sous forme d'un entretien avec le maestro, est excellente et passionnante.
Son : 10 Notice : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot