Mendelssohn en fête par Christian Chamorel
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847) : Rondo Capriccioso, Op 14 – Romances sans paroles (extraits) – Préludes et fugues Op. 35 n°1, 3 et 5 – Études Op. 104 – Fantaisie Op. 28. Christian Chamorel, piano. 2020-DDD-64’35-Textes de présentation en français et anglais-Calliope-CAL2077
Mendelssohn, c’est l’histoire de la poésie, de la douceur et de l’amour. Chaque page est un joyau, un écrin où se distillent de nombreux états d’âmes et sentiments. Christian Chamorel, pour le label Calliope, réunit quelques unes des nombreuses pièces du répertoire pour clavier du compositeur d’Elias dans une proposition qui fait mouche.
Il entame son récital par un Rondo capriccioso décoiffant par une énergie sous-jacente et une précision quasi chirurgicale, le tout soigneusement réuni dans une dimension expressive juste et efficace. La diversité des tableaux et des climats chers au compositeur se succèdent dans les Romances sans paroles où tout semble couler comme de l’eau. Pas de mièvrerie ou de faux-semblants, aucune nervosité dérangeante. Tout est dosé pour trouver le chemin de l’essentiel. Sous ses doigts, le langage semble se créer au gré des enchainements harmoniques avec une ligne mélodique qui se laisse emporter de manière improvisée. Ces miniatures font place aux pièces plus redoutables que sont les Préludes et Fugues. Chacun est pensé et construit de manière habile, ne laissant rien au hasard et privilégiant le raffinement à la démonstration. L’opus 35 n°1 est dramatique sans forcer les effets faciles et superflus. L’évidence du timbre, de l’utilisation de la pédale et du toucher trouvent une place de choix dans le n°5 tandis que le n°3 allie virtuosité et souffle de la ligne. Finalement, toutes ces idées, ces couleurs et ces ambiances, Chamorel les rassemble dans la Fantaisie, redoutable par-delà bien des aspects. Une musique descriptive, imaginative, qui se rapproche volontiers du langage beethovénien. Inconnues et pourtant bien réelles, les Etudes pour piano, relativement courtes, adoptent, comme chez d’autres compositeurs, une ligne thématique associée à des formules plus techniques. A ce titre, la troisième est celle qui se rapproche le plus de celles de Chopin. Avec Mendelssohn, Chamorel forme un beau duo. Un partenaire privilégié qui ne fait qu’un avec l’interprète. Christian Chamorel rend ici un hommage mérité et positionne Mendelssohn parmi les plus grands poètes de ce monde.
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10
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