Monteverdi par La Venexiana

par

Claudio MONTEVERDI (1576-1643) : Selva morale e spirituale. La Venexiana, Claudio Cavina. 2019. Livret en anglais, en français et en allemand. Textes inclus, traduits en anglais. 62.44, 72.47 et 72.53. Glossa GCD 920943 (3 CD).

Cet album est une réédition particulièrement bienvenue. Enregistrée live en mars 2005 lors de la Semaine de musique religieuse en l’église San Miguel de Cuenca, en Castille, cette publication avait été très bien accueillie par la critique, qui en avait souligné l’incontestable beauté. La Venexiana, fondée en 1996 par le contre-ténor Claudio Cavina, s’est spécialisée dans une série consacrée au madrigal (Luzzaschi, Sigismondo d’India, Marenzio, Gesualdo…), mais aussi dans la musique de Monteverdi. Si ce dernier publie sa série de madrigaux sur près d’un demi-siècle, c’est en deux massifs qu’il réunit ses Vêpres, à Venise en 1610, puis la Selva morale e sprituale toujours dans la Cité des Doges, en 1640 et 1641, deux ans avant sa disparition. Ainsi que l’explique le livret, on peut voir dans la Salve « l’entière concrétisation du sentiment religieux de l’homme de la période baroque » ; le croyant « se préoccupe de la valeur exemplaire des actions et des motivations humaines ». C’est aussi le témoignage d’un musicien qui a accompli sa tâche au bout d’une longue carrière prestigieuse. 

Pour cette édition, La Venexiana n’a pas opté pour la version imprimée, mais a organisé un programme en trois grandes parties liturgiques correspondant chacune à l’un des CD qui composent l’album, à savoir les Vêpres de Saint Gabriel l’Archange, les Vêpres de Saint Joseph et la Missa solemnis. Les deux premiers disques reprennent des offices pour lesquels Monteverdi a écrit, qu’il s’agisse du Dixit Dominus, du Confitebor, du Beatus Vir, du Laudate pueri, du Laudate Dominum, du Magnificat ou du Salve regina, une double, voire parfois même, une triple version. Ce choix de La Venexiana produit un ensemble de pièces au mélange chaleureux, teinté de raffinement, de concordance naturelle des textes, de déclamation subtile, dans une palette vocale et instrumentale riche et variée.

Pour le troisième disque, tout s’édifie autour de la Messe à quatre voix, avec l’insertion d’autres parties d’offices qui ne font pas partie d’un cycle. L’effet est particulièrement réussi, cela aboutit à une fastueuse Missa solemnis qui pourrait, selon le livret, rappeler celle qui salua la fin de l’épidémie de peste, célébrée à Saint-Marc le 21 novembre 1631.

Les éloges par lesquels la critique a salué la première publication sont à reconduire pour la réédition : accord des voix, élévation spirituelle, sens instrumental et vocal historique, plasticité, théâtralité maîtrisée, homogénéité, saine virtuosité, introspection, sens religieux, nudité du contexte… Avec un salut particulier pour les membres fondateurs : Claudio Cavina le premier, mais aussi la soprano Rosana Bertini, les ténors Giuseppe Maletto et Sandro Naglia, la basse Daniele Carnovich… Il faudrait citer toutes les voix, tout autant que l’ensemble instrumental. Quelles que soient les atmosphères abordées, vivifiées et magnifiées, tous apportent à la musique de Monteverdi cette aura de splendeur qui la caractérise, dans un jaillissement de ferveur et de beautés éblouissantes qui parlent au cœur et à l’âme. Quant à la prise de son, nimbée d’une légère réverbération, elle ajoute à la saveur de l’écoute.

Son : 9   Livret : 9   Répertoire : 10   Interprétation : 10

Jean Lacroix

 

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