Œuvres pour instruments et orgue autour du compositeur suisse René Gerber
Œuvres pour instruments et orgue. Nadia Boulanger (1887-1979): Trois pièces pour orgue. Pièce sur des airs populaires flamands. René Gerber (1908-2006) : Épithalame pour flûte et orgue. Le Tombeau de N. Grigny pour violon, trompette et orgue. Fête pour deux trompettes, deux trombones et orgue. Pavane pour trois trompettes et orgue. Triptyque pour orgue. Bernard Schulé (1909-1996) : Métamorphoses sur un air ancien pour grand orgue Op. 51. Anaïs Drago, violon. Elisa Gremmo, flûte traversière. Riccardo Ceretta, Diego Di Mario, trombone. Mattia Gallo, Mauro Pavese, trompette. Giovanni Panzeca, orgue Tamburini de la Chiesa del Convento di Sant'Antonio de Casale Monferrato. 2024. Livret en français, italien, allemand, anglais. 70’49’’. Cascavelle VEL 1700
Autour de l’organiste Giovanni Panzeca, investi à plusieurs tribunes du diocèse de Neuchâtel, les jeunes artistes italiens défendent avec conviction ce programme inattendu et néanmoins cohérent. Au cœur de cet album : le compositeur René Gerber, formé au Conservatoire de Zürich, avant de prendre la direction de celui de Neuchâtel. Son compatriote Bernard Schulé fréquenta le même Conservatoire, et se retrouva dans la même classe que lui à l’École Normale de Musique de Paris. Les deux hommes y suivirent l’enseignement de Nadia Boulanger, dont deux œuvres pour orgue introduisent le CD.
Datées de 1911 et publiées l’année suivante, les Trois Pièces ont connu plusieurs enregistrements de qualité : par Carolyn Shuster-Fournier (Ligia) dans In Memoriam dédié à celle qu’on appelait « Mademoiselle », par François-Henri Houbart (Delos), par Paul Jacobs (Naxos), et plus récemment par Marie-Louise Tocco et Simon Defromont au sein d’un « Singulièrement plurielles » consacré à treize compositrices (Chanteloup). Dans Prélude, la pièce la plus élaborée de ce triptyque, s’insinuent en filigrane des échos du second des célèbres Chorals de César Franck. La Pièce sur des airs populaires flamands déroule de mélodieuses variations au charme pittoresque, flattant la palette du Tamburini construit en 1966 et amplifié en 2009 : 32 jeux sur deux claviers & pédalier.
Trois quarts d’heure valorisent en soliste cet instrument que l’on entend aussi dans Métamorphoses sur un air ancien : la notice le relie au psaume Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu laissé que Claude Goudimel (c1505-1572) harmonisa d’après le Psautier Huguenot. Le Triptyque de René Gerber inclut une Pastorale dont le thème entêtant circule sous diverses guises, puis une Musette sur la signature musicale du nom de Bach, enfin une puissante Toccata à la française.
Les autres pages de René Gerber ici réunies mêlent l’orgue à d’autres instruments, couvrant un large spectre chronologique de quelque six décennies, depuis la Pavane avec trois trompettes jusqu’à Fête écrite par un compositeur nonagénaire pour une messe retransmise à la télévision. En quatre brèves vignettes (Sarabande, Comptine, Berceuse, Ronde), le Tombeau de N. Grigny se veut un hommage au célèbre organiste rémois prématurément disparu (1672-1703), sans que l’on décèle de citation précise ni même de parenté stylistique avec ce témoin du Grand Siècle.
Au travers de ces opus, le point commun semble un langage qui demeure consonnant et accessible. Pour approfondir sa connaissance avec l’abondante production de ce compositeur (près de 230 numéros !), on se référera au catalogue du label VDE Gallo qui l’intègre dans plus de vingt disques, illustrant les répertoires pianistique, chambriste, concertant, orchestral…
Christophe Steyne
Son : 9 – Livret : 8,5 – Répertoire : 6-8 – Interprétation : 9