Panier d’œuvres pour clavecin d’Alessandro Scarlatti, frappé avec vigueur

par

L’estro intelligente Toccatas and keyboards works. Alessandro Scarlatti (1660-1725) : Toccata en la mineur ; Aria en la mineur ; Toccata et Gigue en ré majeur ; Toccata, Fugue et Courante en fa majeur ; Toccata et Gigue en ré mineur ; Adagio en sol majeur ; Toccata en la majeur ; Toccata et Fugue en ré mineur ; Adagio et Gigue en si bémol majeur ; Toccata et Aria en ré mineur ; Toccata en sol mineur ; Allegro en ut majeur ; Toccata en ut mineur ; Toccata, Gigue et Partita en la majeur. Marcello Di Lisa, clavecin. Livret en allemand, anglais, italien. Mai 2019. TT 57’11. CPO 555 401-2

Le livret retrace la généalogie de la toccata latine, jusqu’à Bernardo Pasquini (1637-1710) dont la veine mélodique et la conduite homophonique purent influencer Alessandro Scarlatti, dans le sens d’une synthèse avec l’art des anciens maîtres du contrepoint comme Claudio Merulo (1533-1604) et Girolamo Frescobaldi (1583-1643). Marcello Di Lisa entend ainsi offrir un portrait varié de son œuvre pour clavier, « non seulement l’image d’un solennel gardien de la tradition de l’école napolitaine, mais aussi l’image d’un compositeur sensible au charme mélodique et au plaisir de l’invention pleine de surprise ». Raison pour laquelle le programme n’inclut que deux fugues, en faveur de contreparties sous guise de danses ou d’arias, et quelques pièces dont la technique ou les tournures galantes laissent douter de leur paternité. On ne trouve cependant pas la redoutable Toccata d'ottava stesa, ni les populaires variations sur La Follia. Et dans l’ensemble la sélection cède peu au lyrisme.

Virtuosité, prédilection pour le perpetuum mobile, notation des arpèges, chromatisme, dissonances, durezze armoniche sont quelques marques stylistiques qu’analyse la notice de Marcello Di Lisa, spécialiste du compositeur auquel depuis 2008 il a déjà consacré plusieurs albums orchestraux et vocaux (opéra, cantate, musique sacrée), en tant que chef de l’ensemble Concerto de’ Cavalieri. Malgré sa qualité et son importance historique, l’Opera omnia per tastiera n’a été exploré que par de rares enregistrements. On distinguera Alexander Weimann (Atma, 2005), les albums de Francesco Tasini chez Tactus (dont deux volumes à l’orgue), et le superbe témoignage de Rinaldo Alessandrini pour Arcana en octobre 1991.

Sur un clavecin Franco Barucchieri d’après Giovanni Battista Giusti (1693), le présent CD constitue-t-il un ballon d’essai vers une intégrale ? L’oreille est très sollicitée par la loquacité de ces pages, que l’interprétation sert et enserre avec brio. On aurait seulement aimé une respiration qui entrouvre un peu l’étau, d’autant que l’instrument s’avère un peu abrupt et la captation crispante, raidissant l’accentuation et durcissant le contraste. Panache et autorité du geste impressionnent néanmoins l’auditeur, sculptent un propos vigoureux et frappent par leur flagrant dessin. 

Son : 7 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 8,5

Christophe Steyne

 

 

 

 



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