Passage remarqué de l’Oslo Philharmonic et Klaus Mäkelä à Bozar

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Ce dimanche 27 octobre a lieu le concert de l’Oslo Philharmonic à Bozar. L’orchestre norvégien est placé sous la baguette de son directeur musical, Klaus Mäkelä. En soliste au violon, nous retrouvons la violoniste norvégienne Vilde Frang. Trois œuvres sont au programme de cette soirée : la Rhapsodie Roumaine N°1 en la majeur Op. 11 de Georges Enescu, le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur d’Igor Stravinsky et, pour finir, la Quatrième Symphonie en fa mineur, op. 36 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky.

Ce concert débute avec la Rhapsodie Roumaine N°1 en la majeur Op. 11 de Georges Enescu. Pour composer cette pièce, le compositeur roumain puise dans la musique populaire roumaine. Cette rhapsodie, datant de 1901, est une des pièces les plus célèbres d’Enescu. Les solistes de la petite harmonie s’illustrent dès le début de la pièce en s’échangeant la mélodie dans une continuité certaine. Par la suite, la rhapsodie prend de plus en plus vie, les passages charmants devenant vifs. Mäkelä, survolté, se donne sans calculer pour vivifier au maximum cette partition. Cette prestation endiablée et engagée est largement acclamée par un public presque en délire après cette première pièce.

Le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur d’Igor Stravinsky est créé en 1931 par le violoniste américain Samuel Dushkin. Ce dernier est d’ailleurs le commanditaire de l’œuvre. Ce concerto se compose de quatre mouvements, ce qui reste tout de même assez rare. Ce soir, c’est la violoniste Vilde Frang qui se lance dans l’interprétation de cette pièce assez peu jouée en concert. Son rôle de soliste change au fur et à mesure des mouvements. Dans le premier mouvement, Toccata, Frang assure le fil conducteur en étant principalement accompagnée par les cordes graves et l’harmonie, jouant un rôle essentiel dans ce mouvement. Dans le deuxième mouvement, Aria I, c’est l’expressivité de la violoniste conjuguée aux dialogues avec l’orchestre que nous retiendrons. Dans le troisième mouvement, Aria II, Frang nous propose une version intimiste basée sur l’émotion qu’elle transmet. Le dernier mouvement, Capriccio, est une démonstration de virtuosité que Frang réussit avec brio. Ce concerto se clôture de manière vive et enjouée. Mäkelä dirige l’orchestre de manière précise dans cette partition qui peut s’avérer dangereuse à certains endroits. L’orchestre contribue également à la réussite de cette interprétation, tant il doit dialoguer avec la soliste et faire preuve d’une grande stabilité rythmique. La prestation est une nouvelle fois largement acclamée par le public dès la fin du concerto. Vilde Frang propose donc en bis une gigue d’Antonio Maria Bononcini.

Après la pause, place à la célèbre Quatrième Symphonie en fa mineur, op. 36 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Créée en 1877 et dédiée à Nadejda von Meck, cette symphonie est la première œuvre cyclique de Tchaïkovsky.

Le premier mouvement débute avec le thème illustrant le « fatum », autrement dit le destin. Ce thème est le fil conducteur de la pièce et resurgit à plusieurs reprises au cours de la symphonie. Il est énoncé avec une certaine ardeur dramatique par les cors et les bassons, avant d’être rejoints par le reste des cuivres. Ensuite, l’alternance des contrastes et l’énergie déployée par Mäkelä et l’orchestre nous tiennent en haleine pour le reste du mouvement. Dans le deuxième mouvement, l’Andantino en modo di canzona, l’orchestre exprime à la fois de la mélancolie (à l’instar du solo de hautbois) mais aussi une certaine nostalgie. La mélodie passe quant à elle avec une grande souplesse du hautbois, aux violoncelles et au basson. Nous retrouvons plus tard des esquisses du thème du « fatum ». C’est une interprétation à la fois sobre et élégante que nous propose la phalange norvégienne. Le troisième mouvement, Scherzo – Pizzicato Ostinato – Allegro, est vif et enjoué avec de nombreux contrastes au niveau des dynamiques. Mäkelä laisse une certaine liberté à ses musiciens dans cette partie de l’œuvre. Notons la vivacité et la précision des cordes, accompagnées par des bois guillerets et des cuivres scintillants. Le dernier mouvement, Finale – Allegro con fuoco, basé sur un chant populaire russe, conclut cette symphonie de manière grandiose. Ce final festif est cependant entrecoupé par le thème solennel et dramatique du destin qui refait son apparition à plusieurs reprises et ce de manière dramatique avec des accords tranchants.

Le dernier accord cesse à peine de résonner dans la salle que le public réserve une standing ovation quasi immédiate. Il est clair que les personnes présentes au concert de ce soir ont passé un excellent moment vu l’enthousiasme débordant dont ils font preuve à la fin de chaque pièce. 

En conclusion, l’Oslo Philharmonic et Klaus Mäkelä proposent une soirée sous le signe de la vitalité et de la vivacité avec un chef d’orchestre vivant intensément la musique. Les musiciens s’impliquent eux aussi à 100% dans ce concert et les nombreux sourires échangés entre eux en disent long sur la bonne ambiance régnant lors de ce concert.

Bruxelles, Bozar, le 27 octobre 2024

Thimothée Grandjean, Reporter de l’IMEP

Crédits photographiques : Marco Borggreve

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