Ravel en orientalisme et en première mondiale
Maurice RAVEL
(1875 - 1937)
Antar, musique de scène d’après Rimski-Korsakov - Shéhérazade
André Dussollier, narrateur ; Isabelle Druet, mezzo-soprano ; Orchestre National de Lyon, Leonard Slatkin
2014-DDD-70’47. Notice de présentation en anglais, allemand et français. Naxos. 8.573448Une première mondiale de Maurice Ravel ! En effet, l’occasion est rare de pouvoir entendre au disque une partition encore inédite de l’auteur du Boléro ; mais dans le cadre de son intégrale Maurice Ravel, Leonard Slatkin et son Orchestre National de Lyon nous offrent la musique de scène basée sur la symphonie Antar de Rimski-Korsakov.
Fasciné par la musique russe depuis son adolescence, Ravel saisit l’opportunité d’une commande du mécène Serge de Diaghilev pour une pièce de théâtre du Libanais Chekri Ganem. Ravel adapta alors la Symphonie n°2 dite Antar de Rimski-Korsakov, qu’il transforma en musique de scène. Destinée à s’intégrer entre les actes de l’épopée d’Antar, poète et guerrier arabe, la musique originale est enrichie par Ravel d’un extrait de l’opéra Mlada, et de quelques pages personnelles pour créer un suivi narratif. Pour accompagner l’interprétation au concert, l’Orchestre National de Lyon commande un texte à l’auteur Amin Maalouf. Le présent enregistrement fut capté en 2014 lors du concert de la création mondiale de cette nouvelle version. Leonard Slatkin est particulièrement à son affaire dans cette musique à l’orientalisme aussi évocateur que rutilant et il fait briller les pupitres de sa phalange lyonnaise. Le texte d’Amin Maalouf est fort beau et superbement dit par André Dussollier. Assurément Antar mérite un retour au programme des concerts. Malheureusement la balance de la prise de son est bâclée, le récitant est surexposé et l’orchestre apparaît lointain et étouffé dans les tutti.
En complément, l’Orchestre National de Lyon accompagne la jeune mezzo-soprano Isabelle Druet dans Shéhérazade de Ravel. La chanteuse est, comme toujours exemplaire, de justesse stylistique et de musicalité. L’Orchestre se montre un accompagnateur à la subtilité de la touche impressionniste. Une belle version contemporaine aux côtés de Von Otter/Boulez (DGG) ou Stéphanie D’Oustrac (soprano) et Stéphane Denève (SWR Musik). Shéhérazade est heureusement mieux captée, mais sans atteindre un niveau technique superlatif.
On retient donc un album original et éditorialement passionnant mais que le service « low-cost » de Naxos handicape hélas techniquement !
Pierre-Jean Tribot
Son 5 et 7 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 9