« Rions, voici le temps des roses ! »

par

Carolyn SAMPSON, soprano
Joseph MIDDLETON, piano
« Fleurs »
Purcell, Schumann, Quilter, Britten, Gounod, Fauré, Strauss, Schubert, Poulenc, Hahn, Debussy, Boulanger, Chabrier
2015-68'50-DSD-présentation en anglais, allemand, français- texte en langue originale et anglais-chanté en anglais, français, allemand, russe-BIS-2102 SACD

Carolyn Sampson, soprano, aime les fleurs. Elle s'entoure, sur les photos qui accompagnent la pochette, de roses, d'hortensias, de pourpiers et de lavande. De ses beaux yeux pers elle fixe le lointain, la bouche un rien mélancolique Elle semble attendre « les pétales noirs de l'ennui/ Tombant goutte à goutte sur ma tête, / Dans le vert de la serre de douleur » comme l'écrit Debussy qui se prit parfois pour un poète. Certes, le thème floral se prête facilement à la mièvrerie, aux baisers, aux tourments et autres mignardises jusqu'à tomber (Edmond Rostand) dans le ridicule « des lilas....lilas/Et des roses... roses ». On cherchera en vain la violette de Mozart ou les lilas de Chausson : le recueil ne se veut pas exhaustif. Mais le choix procède d'un éclectisme bienvenu qui va de Britten à Purcell en passant par Fauré avec des surprises telle cette luxurieuse et dolente version du poème de Baudelaire « Voici des fruits, des fleurs... » due à Reynaldo Hahn ou encore le rare Roger Quilter (1877-1953). Le timbre limpide d'une voix qui pourrait sembler, à première écoute, un peu impersonnelle dans sa perfection, se pare de mille nuances délicates pour ciseler un répertoire qui lui sied à merveille (Gounod par exemple, si difficile à aborder en son apparente et fallacieuse simplicité). La diction claire dans toutes les langues (russe, anglaise, allemande et française) allie naturel et intelligence musicale. Au piano, Joseph Middleton, avec un talent protéiforme, parvient aussi bien à faire surgir les couleurs chamarrées d' un orchestre straussien qu'à suggérer les textures féeriques de Lili Boulanger (« Les lilas qui avaient fleuri » index 23) ou la noble et mélancolique épure de « Sweeter than Roses » de leur compatriote Henry Purcell qui ouvre ce disque. Un projet artistique plus ambitieux qu'il n'y paraît et, ici, parfaitement accompli. Un bouquet d’essences rares harmonieusement réunies. A offrir !
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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