Saint-Saëns, Vierne pour orgue… et harmonium

par

Harmonium vs Organ. Louis Vierne (1870-1937) : Vingt-quatre pièces en style libre, op. 31 Livres 1 & 2. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Trois morceaux, op. 1. Giulio Mercati, harmonium et orgue. Livret en italien et anglais. 2022. Album deux CDs. TT 62’20 + 61’30. Dynamic CDS7924.02

La célèbre Berceuse de Vierne provient des Vingt-quatre pièces en style libre (1913-1914), qu’on a plutôt l’habitude d’entendre à l’orgue, au travers de nombreux enregistrements comme ceux de Georges Bessonnet (Syrius), Ben Van Oosten (MDG) ou Günther Kaunzinger (Koch Schwann) parmi ceux qui gravèrent l’intégrale. Mais la partition spécifie qu’on peut aussi les jouer à l’harmonium, ainsi que Markus Lehnert nous l’a récemment rappelé dans son remarquable CD capté en décembre 2019 pour le label Motette.

Giulio Mercati choisit de confronter ces deux instruments (non présentés dans le livret), leur confiant chacun un des deux Livres : un Debain « de 1892 » (du moins issu de la manufacture qui survécut à ce facteur, inventeur de l’harmonium, décédé en 1877), et l’orgue de la Cathédrale de Lugano, construit en 1908 par Vicenzo Mascioni. Celui-ci ne compte que 28 jeux sur deux claviers et un pédalier dépourvu d’anches, mais ces ressources (sans rivaliser avec la palette d’un Cavaillé-Coll) peuvent suffire, et s’avèrent effectivement préférables à l’harmonium pour des pages telles que le Carillon. Splendide prise de son, claire, spacieuse, particulièrement moelleuse dans le sous-grave.

Signalons une notice parfois approximative, par exemple quand elle allègue que le Livre I ne comporte aucune dédicace, alors que le Canon est dédié à Henri Mulet, la Méditation à Félix Fourdrain, le Madrigal à Georges Jacob, le Divertissement à Joseph Bonnet… Au demeurant, Giulio Mercati se montre très habile et inspiré, tant sur l’harmonium que son grand frère de tribune où il jette un regard volontiers analytique sur ces douze pièces, raffermi par des tempos sans mollesse. Le double-album est complété par trois morceaux de jeunesse de Saint-Saëns, comme l’atteste leur primitif numéro d’opus : juvéniles mais caractérisés, là encore fort adroitement servis par l’interprète italien.

Son : 8,5 (harmonium) & 9,5 (orgue) – Livret : 6,5 – Répertoire : 7-9 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

 

 

 

 



Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.