Capriccio un anniversaire symphonique en patchwork 

par

Symphonic Highlights. Oeuvres de François-Joseph Gossec (1734-1829), William Boyce (1711-1779), Carl Philipp emanuel Bach (1714-1788), Luigi Boccherini (1743-1805), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ; Ludwig van Beethoven (1770-1827), Johannes Brahms (1833-1897), Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893), Erwin Schulhoff (1894-1942), Dmitri Chostakovitch (1906-1975). Concerto Köln, Academy of St Martin in the Fields, Sir Neville Marriner ; Kammerorchester CPE Bach, Hartmut Haenchen ; Neues Berliner Kammerorchester, Michael Erxleben ; Camerata Academica des Mozarteum Salzburg, Sándor Végh, Dresdner Philharmonie, Herbert Kegel ; Berliner Sinfonie Orchester, Kurt Sanderling ; Radio Sinfonieorchester Stuttgart, Sir Neville Marriner ; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, James Conlon ; Gürzenich Orchester Köln, Dmitrij Kitajenko. 1982-2003. Livret en allemand et anglais. 1 coffret de 10 Cd Capriccio 7338   


Le label autrichien Capriccio fête ses 40 ans avec un panorama symphonique qui reprend les grands moments de son histoire. Cette aventure témoigne également des évolutions de l'industrie du disque : l’enregistrement en numérique des grandes oeuvres, l'internationalisation du répertoire,  les explorations sur instruments anciens et la redécouverte des compositeurs mis au ban par le nazisme. 

On fera commencer ce parcours avec des albums majeurs en provenance de l’ex-RDA, fruit d’une joint venture entre le label autrichien et la VEB Schallplatten, structure allemande étatique. Il s'agit des Symphonies n°1 et n°3 de Beethoven par Herbert Kegel au pupitre de la Philharmonie de Dresde, la première intégrale en digital. Parue en même temps qu’une autre intégrale digitale dirigée par Herbert von Karajan, cette somme saxonne avait reçu un bel accueil critique par la qualité très objective de la direction du chef est-allemand. Rompu aux oeuvres contemporaines, il dirige avec une acuité qui n’est pas sans rappeler celle d'Hermann Scherchen. Autre gravure majeure en provenance de l’autre face du rideau de fer : la Symphonie n°3 et les Variations sur un thème de Haydn de Brahms par Kurt Sanderling à la tête du Berliner Sinfonie Orchester, interprétations portées par un geste ample et dyonisaque. On reste à Berlin-Est avec deux autres gravures témoins de la vivacité d’une scène musicale qui expérimentait les répertoires classiques et baroques avec des orchestres de chambre modernes et qui cherchaient à  assimiler les acquis des relectures sur instruments d’époque : des symphonies de CPE Bach par Hartmut Haenchen et le Kammerorchester “Carl Philip Emanuel Bach” et des symphonies de Luigi Boccherini par le Neues Berliner Kammerorchester dirigé depuis le premier violon par Michael Erxleben. Des enregistrements bien réalisés, même si on peut trouver mieux ailleurs. 

Le marché florissants du disque de la fin des années 80 et du début des années 90 conduisit des labels indépendants à se rapprocher d’artistes célèbres pour étoffer les catalogues. Ainsi le chef anglais Sir Neville Marriner, alors chargé de la direction musicale du Radio-Sinfonieorchester Stuttgart enregistra pour Capriccio une série d’albums éloignés du répertoire classique qui fit sa réputation. On le retrouve ici dans les rares Suites pour orchestre n°3 et n°4 “Mozartiana” de Tchaikovsky. Marriner est ici très à son aise dans des partitions certes assez mineures mais dont il soigne les contrastes et les détails. Du beau travail ! Marriner est également à Londres avec son Academy of St Martin in the Fields pour une sélection de symphonies de son compatriote William Boyce, des lectures équilibrées et élégantes qui manquent un peu de folie. 

Autre pilier du catalogue Capriccio : Sándor Végh au pupitre de sa Camerata Academica des Mozarteums Salzburg pout un album de Divertimentos de Mozart : du grand art d’un musicien charismatique qui fait de la musique de chambre au pupitre d’un orchestre galvanisé. 

Capriccio fut l’un des premiers labels à croire au talent de l’orchestre allemand Concerto Köln. La sélection présente ici des symphonies de Gossec, emportées au panache dans un festival de couleurs dans une prise de son magistrale de timbre. C'est une référence incontournable.  

Avec la complicité du chef James Conlon, le label proposa quelques gravures des œuvres du compositeur Erwin Schulhoff. Le chef américain est au pupitre de l'excellent Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks pour un portrait symphonique qui culmine  dans les Symphonies n°2 et n°5 de cet immense artiste victime du nazisme. 

Enfin, on clot ce panorama avec la Symphonie n°7 Leningrad de Chostakovitch avec le Gürzenich Orchester de Cologne sous la direction narrative et colorée de Dimitri Kitaenko. On aime surtout une prise de son phénoménale et une performance d’orchestre d’anthologie, même si on peut préférer des lectures plus engagées. 

On retient ce coffret par sa belle variété éditoriale et le beau tableau de l’histoire d’un label majeur de notre temps. 

Note globale : 9

Pierre-Jean Tribot

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