Scarlatti et corrida avec Andreas Alberto Gomez

Domenico SCARLATTI (1685-1757) : Sonates K. 213, 435, 437, 525, 286, 67, 87, 463, 150, 417, 472, 253, 56, 291, 79, 30 et 43.  Andreas Alberto GOMEZ ( né en 1978) : Prélude en mi bémol majeur. 2017-DDD-61'56-Textes de présentation en espagnol et anglais-Vanitas VA 12

Le claveciniste espagnol Andres Alberto Gomez n'est pas tout à fait un inconnu: ses enregistrements des Variations Goldberg de Bach ainsi que de pièces en concert de Rameau ont été fort bien accueillis par la critique. Ce disque Scarlatti se singularise d'abord par le choix de l'instrument: une copie d'un Ruckers de 1624 aux sonorités particulièrement riches et fruitées. Frappant aussi, le caractère hispanisant qu'il imprime à chacune de ces merveilleuses sonates, il est vrai composées pour partie en Espagne mais dont personne, jusqu'à présent, n'avait exploité à ce point le caractère ibérique. Le jeu est nerveux mais d'une clarté remarquable.

Le détaché presque hautain des notes donne parfois l'impression d'être le fait d'un brillant matador sur le point de donner l'estocade mais cette approche apporte un piquant qui convient on ne peut mieux à l'univers rutilant du compositeur aux 555 sonates. Peu de « tubes »  ici mais des particularités soulignées à l'envi comme ces accords comme martelés du pied dans la K. 525 où l'on a l'impression d'assister à une séance de flamenco. Dans certaines pièces, comme la K. 56, on s'attendrait presque à entendre les Olé qui accompagnent les exploits du toréro. Les ornementations apportées par l'artiste, ainsi que les intonations parfois inhabituelles comme dans la bien connue K. 87, pourront surprendre mais soulignent à nouveau, un peu lourdement parfois, l'influence espagnole forte de cette musique. En bonus, un prélude fortement arpégé dû à l'artiste lui-même. Le joker est un coup de coeur pour cette approche quelque peu « osée » peut-être, mais bien pensée et enthousiasmante en diable.

Bernard Postiau

Son: 10 Livret: 10 Répertoire: 10 Interprétation: 10