Superbe cadeau d'Alberto Zedda

par
Stabat Mater

Gioachino ROSSINI
(1792 - 1868)
Stabat Mater
Serena FARNOCCHIA (soprano), Anna BONITATIBUS (mezzo), Ismael JORDI (ténor), Alex ESPOSITO (basse), Choeur et Orchestre symphonique d'Opera Vlaanderen (chef de choeurs : Yannis Pouspourikas), dir.: Alberto ZEDDA.
Live-56'20''-Notice en italien et en anglais-chanté en latin-Textes latins et anglais inclus-Dynamic CDS 7799

Alberto Zedda, spécialiste mondial de Rossini, est décédé à Pesaro en mars 2017. Il était très attaché à Opera Vlaanderen, où il est souvent venu, et où nous avons pu l'applaudir, entre autres, dans Otello et Armida. Voici une exécution live du 15 janvier 2011 du célèbre Stabat Mater. Ecrit en deux fois (conçu en 1831, puis créé en 1842), l'oeuvre est fort connue et maintes fois enregistrée. Elle comporte dix morceaux : 1 air par soliste, 1 duo de femmes, 1 quatuor, 2 choeurs a capella, et 2 pour effectif complet (l'introduction, et la fugue finale). S'il n'intervient pas tout le temps, le choeur est primordial. Il assure ainsi le caractère sérieux, presque austère, de l'introduction, et son climat recueilli. Mais il se joindra avec plaisir à la basse dans l'Eja mater, chantera, dans un a capella finement musical (Quando corpus morietur) et se couvrira de gloire dans le grandiose Amen fugué, qui couronne l'oeuvre. Bravo à Yannis Pouspourikas, et à ses troupes vaillantes. Les deux dames sont souvent de tessiture proche. Zedda a opté ici  pour deux timbres différenciés, celui de Bonitatibus étant beaucoup plus grave que celui de Farnocchia. Celle-ci est sensationnelle dans l'Inflammatus :  presque violente, sa voix domine les choeurs déchaînés qui évoquent les flammes de l'Enfer. Et les deux contre-ut, d'une rare puissance,  éclairent soudainement la coda. Bien plus tendre et lyrique sera la brève cavatine Fac ut portem accordée à la soprano : Serena Farnocchia la chante à la perfection. Inutile dès lors de préciser que leur ravissant duo, Qui es homo, très proche de l'opéra, se révèle un régal pour l'oreille. Le ténor, Ismael Jordi, possède un timbre un peu ingrat, mais donne un Cujus animam stylé. Les tempi mesurés atténuent l'aspect par trop martial du morceau. L'air de basse, Pro peccatis suae gentis, convient  plutôt à un baryton-basse. Alex Esposito y fait preuve d'un phrasé admirable, particulièrement dans la section médiane (Vidit tuum). Il est clair, dès lors, que la réunion de ces quatre belles voix dans le quatuor Sancta Mater, à nouveau très opératique, constitue l'un des sommets de cet enregistrement. Quel art de l'ensemble, quelle allure, quelle beauté dans la descente sur "Virgo virginum praeclara"! L'orchestre de Gand/Anvers atteint la perfection instrumentale, particulièrement dans les codas, si poétiques (les cordes dans Cujus animam, le cor dans Qui es homo), et est visiblement entraîné par l'enthousiasme du vieux gardien du temple rossinien. La double fugue finale, merveilleusement écrite, et soudainement interrompue par le rappel de l'introduction, conclut à merveille cette oeuvre au caractère hautement dramatique. Bien sûr, on dispose d'illustres enregistrements, anciens (Fricsay, Giulini, Muti) ou modernes (Pappano, Chung), mais celui de Zedda prendra place parmi les plus belles versions récentes.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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