Mots-clé : Aline Piboule

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Gabriel Fauré (1845-1924) : Improvisation op. 84/5 en ut dièse mineur ; Barcarolles n° 3 op. 42 en sol bémol majeur, n° 4 op. 44 en la bémol majeur, n° 5 op. 66 en fa dièse majeur, n° 9 op. 101 en la mineur, n° 10 op. 104/2 en la mineur, n° 12 op. 106 bis en mi bémol majeur, et n° 13 op. 116 en ut majeur ; Nocturnes n° 5 op. 37 en si bémol majeur, n° 11 op. 104/1 en fa dièse mineur, n° 12 op. 107 en mi mineur, et n° 13 op. 119 en si mineur. Aline Piboule, piano Gaveau 1929. 2023. Notice en français et en anglais. 62’20’’. Harmonia Mundi HMM902510.

« Fauré ou le dernier amour » : un voyage hors du temps par Pascal Quignard et Aline Piboule

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Partenaires artistiques depuis quelques années, l’écrivain Pascal Quignard et la pianiste Aline Piboule poursuivent leurs « récits-récitals » qu’ils conçoivent ensemble. Après Boutès ou le désir de se jeter à l’eau et Ruines, ils célèbre les 100 ans de la disparition de Fauré à travers sa relation avec Marguerite Hasselmans dans les 25 dernières années de la vie du compositeur français. Le concert, présenté à La Philharmonie de Paris dans le cadre du week-end Fauré, est en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane.

Intitulé « Fauré ou le dernier amour », le récit inédit de l’auteur de Tous les matins du monde retrace chronologiquement la complicité entre Gabriel Fauré et Marguerite Hasselmans, rencontrés en 1900, respectivement à l’âge de 55 ans et de 24 ans. Fabuleux conteur à une voix mi-rauque, Pascal Quignard fait revivre leur relation, avec des anecdotes (notamment sur la moustache de Fauré) et des réflexions sur la vie musicale parisienne rapportées par différents artistes de l’époque. Chaque évocation, en alternance avec l’interprétation pianistique, n’est jamais trop longue ni trop courte, laissant ainsi aux auditeurs le temps de songer au quotidien du compositeur et savourer la musique.

Au Festival de Menton 2023

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Pour son édition 2023, le Festival de Menton a dû s'adapter et se réinventer au vu des nombreuses contraintes dans ce contexte économique incertain. Il a été contraint de réduire la voilure à sept concerts sur le Parvis à 21h30 et six concerts au Palais de l'Europe à 18h. Cependant, il offre toujours une programmation variée, où tout le monde trouve son bonheur. L'objectif principal restant d'offrir des concerts hors pair avec les meilleurs artistes du moment qu’ils soient jeunes ou confirmés.  

On commence cette évocation subjective par le concert de Nikolaï Lugansky. L’artiste consacre son récital à la musique pour piano de Rachmaninov. Il commence le récital par les Moments Musicaux de Rachmaninov,  un hommage à Franz Schubert, l’auteur d'une série de Moments Musicaux.  Le jeu de Lugansky est caractérisé par son toucher d'une grande délicatesse, il a un respect du clavier et, contrairement à d'autres pianistes virtuoses, il ne casse pas l'ivoire. Mélodies slaves, rythmes endiablés contemplations se confondent, évoquant des impressions, plutôt que des lieux ou des personnages.  L'artiste connaît toutes les subtilités pour jouer en plein air et faire ressortir toutes les nuances de la partition. Il a choisi "son piano" qu'il savait qui répondrait le mieux à toutes les exigences. 

Rachmaninov comparait sa Sonate n°2 de 1913 à celle de Chopin, dont il était un grand admirateur. Rachmaninov raccourcit, en 1931,  sa partition en ôtant près de 120 mesures. Cette nouvelle version est plus aérée mais moins virtuose. Rachmaninov laisse les interprètes libres face aux deux versions. Lugansky joue "sa version" qui est un savant mélange des textes, c’est une une performance formidable. 

C'est lors de son premier séjour en Amérique qu'il compose les Préludes op.32 

Lugansky les joue tels que Rachmaninov l'aurait souhaité :  à la fois doux et puissant, paisible et passionné. En bis une Romance de Tchaïkovsky dans un arrangement de Rachmaninov et un superbe Prélude. L'auditoire est subjugué. 

Beatrice Berrut est l'invitée du premier récital de 18h au Palais de l'Europe. Cette  pianiste suisse est acclamée dans les plus grands festivals et les salles de concerts les plus importantes. Beatrice Berrut est une musicienne sincère, intelligente et très créative, constamment à la recherche d'un nouveau répertoire. Eperdument amoureuse de la musique post-romantique, elle a transcrit et enregistré des pages marquantes de Gustav Mahler. Elle propose ici des mouvements de trois symphonies de Mahler : l’Adagietto de la Symphonie n°5, Le Tempo di Minuetto. Sehr mäßig de la  Symphonie n°3 et l'Andante de la Symphonie n°6. Ces transcriptions sont étonnantes et le piano sonne comme un orchestre symphonique. 

La première édition du Festival Angers Pianopolis

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Ruines - Pascal Quignard et Aline Piboule

La toute première édition du Festival Pianopolis vient de se terminer le 21 mai dernier. Le Festival, initié par Nicolas Dufetel, musicologue et adjoint à la culture et au patrimoine à la mairie, met l'accent sur les lieux historiques de la ville, jusqu’alors peu ouverts au public. Les grands noms de la musique classique et les jeunes musiciens du Conservatoire prennent quotidiennement leurs parts pendant les quatre jours où tous les concerts se jouaient à guichets fermés.

Au commencement, il y eut le projet d’« Angers pousse le son », une série de concerts sans public captés sur des lieux patrimoniaux de la ville, pendant la période de fermeture des salles de concerts. Diffusés sur internet de 2020 à 2022, ces films ont fait revivre les murs emblématiques multicentenaires : le cloître, la chapelle et les greniers Saint-Jean, l’abbaye de Ronceray, le couvent de Beaumette, le château d’Angers… Les artistes de la musique classique, souvent jeunes, dont Alexandre Kantorow, Thibaut Garcia, Félicien Brut ou Astrig Siranossian, pour ne citer qu’eux, ont côtoyés, au fil des diffusions, d’autres genres musicaux : chanson, pop, jazz, tzigane…

À l’occasion de cette première édition du festival, certains d’entre eux ont retrouvé physiquement leur public. Ainsi, le dernier jour, aux greniers Saint-Jean, Alexandre Kantorow et Aurélien Pascal en duo, puis Bertrand Chamayou en solo, ont enflammé la salle pleine à craquer, avec leur virtuosité mais aussi et surtout leur musicalité exceptionnelle. Malgré leur jeune âge (ils ont à peine 50 ans à deux), le duo frôle le sommet. Leur incarnation musicale, dans la première Sonate de Brahms tout au début du programme, est telle qu’on aurait dit qu’ils jouaient déjà ensemble depuis des heures. Il y a un lyrisme incontestable dans leur sonorité, une spontanéité haletante dans une mise en place parfaite… Dans la Sonate de Grieg, ils réalisent une véritable tapisserie sonore. En effet, l’idée de tissage est absolument juste, par la spatialisation acoustique qu’ils adaptent au fur et à mesure, en fonction du retour du son. Tout naturellement, cela fait écho à la Teinture de l’Apocalypse du Château d’Angers mais aussi aux tapisseries modernes de Jean Lurçat dont une est à vue, derrière la scène. Avec une telle maîtrise, il n’est aucunement exagéré de dire que c’est l’une des meilleures formations actuelles de violoncelle-piano au monde. Au milieu du programme, Alexandre Kantorow joue en solo quelques Lieder de Schubert transcrits par Liszt où il fait montre de son art des plans, des coloris et des tons. Les couleurs s’entendent clairement à travers son interprétation et c’est précisément l’un des caractères superlatifs de son jeu.

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo

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Ce nouveau week-end du Festival du Printemps des Arts nous a réservé de superbes découvertes : des créations mondiales, des oeuvres de la deuxième école de Vienne, des partitions rarement jouées de Franz Liszt et de compositeurs français du début du XXe siècle.

Le concert de François-Xavier Roth avec une création mondiale de Gérard Pesson qui est cette année le compositeur en résidence du festival. Son concerto pour accordéon et orchestre Chante en morse durable est dédié à Vincent Lhermet, son interprète. C'est un enrichissement pour le répertoire de l'accordéon qui ne comporte que quelques rares concertos. Le concerto commandé par le Printemps des Arts est un véritable dialogue entre le soliste et le compositeur. Pesson a créé une musique qui est le reflet de la sensibilité et du jeu de Lhermet. Le soufflet est le coeur de l'instrument, mais aussi son poumon et son âme.

Le compositeur explore toutes les possibilités de l'instrument et nous découvrons une partition d'une intense poésie, pleine de douceur mais également virtuose, rythmée et éclatante de couleurs. L'orchestre est comme un résonateur de l'accordéon, on imagine un grand soufflet ajouté. Vincent Lhermet est fascinant, il est à la fois un virtuose accompli et un fin musicien. Avec François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre, ils captivent le public enthousiaste.

Aline Piboule, pianiste exploratrice du répertoire 

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La pianiste Aline Piboule fait paraître un album consacré à des raretés du répertoire pianistique français composées par Gustave Samazeuilh, Abel Decaux, Pierre-Octave Ferroud et Louis Aubert. Cet album est publié par le label du Printemps des Arts de Monaco, qui, passant les difficultés, continue de proposer des parutions et des concerts alléchants malgré la situation. 

Vous publiez un album consacré à des œuvres pour piano des plus rares, de Gustave Samazeuilh, Abel Decaux, Pierre-Octave Ferroud et Louis Aubert. Comment avez-vous conçu ce programme ? 

J'adore passer des heures sur internet à chercher des musiques peu jouées, à les déchiffrer, à concevoir des programmes sortant de l'ordinaire, à mélanger classique et contemporain, à tisser des liens peu évidents au premier abord entre les oeuvres... Mais, rendons à César ce qui lui appartient : le programme de ce disque a été conçu par Marc Monnet, compositeur et directeur artistique du festival le Printemps des Arts de Monte-Carlo ! Nous avons en commun cette envie qu'il n'y ait pas de frontières dans l'écoute de la musique, d'habituer les publics à écouter de tout et à continuer de défricher des sentiers peu arpentés. Il connaissait mon intérêt tout particulier pour la musique française (trois de mes disques lui sont consacrés !) et il m'en a donc proposé l'interprétation. Le projet était un récital à l'Opéra Garnier de Monaco pour l'édition 2020 du Printemps des Arts, puis de l'enregistrer à l'Auditorium Rainier 3 quelques mois plus tard. Je connaissais certaines partitions pour les avoir écoutées il y a longtemps mais d'autres, comme les pièces de Ferroud, m'étaient totalement inconnues. Une grande découverte ! 

Ces compositeurs sont restés dans l’ombre de leurs contemporains célèbres : Ravel, Debussy, Poulenc... Quelles sont les caractéristiques stylistiques de ces différentes partitions ? 

Ces compositeurs de l'ombre participaient à la vie musicale de leur époque et ils étaient sûrement moins méconnus qu'aujourd’hui. Ils ont même sûrement influencé des confrères de leur temps que nous considérons désormais comme des génies. Je pense que leurs écrits ont tout à fait pu infuser dans d'autres partitions. 

C'est un programme très riche car ces compositeurs n'ont pas du tout le même langage ni le même univers !  La musique qui me fascine le plus sur cet album est celle de Decaux, un organiste qui n'a quasi écrit que ces Clairs de lune. Un chef-d'œuvre ! C'est une musique qui me fait penser au romantisme noir en peinture, l'ambiance est inquiétante, presque morbide. On entend tout en noir et blanc ! On est presque assourdis par les douze coups de minuit dans l'extrême grave du piano dans Minuit passe, on a la sensation affreuse d'être suivi dans La ruelle, nous nous retrouvons bien seuls dans Le Cimetière, face à cette montée extraordinaire de la lune dans le ciel, quand tout devient lumineux mais toujours en noir et blanc. Dans La mer, nous ne sommes loin d'être dans De l'aube à midi sur la mer (La mer de Debussy) avec ses multiples éclats de lumière ; ici la lune n’éclaire une mer sombre et opaque que très fugitivement. C'est l'époque de la découverte de la psychanalyse, de l'inconscient, et je ne sais pas si Decaux connaissait les écrits de Freud, mais l'univers de sa musique esthypnotique, impalpable et nous emmène dans les profondeurs. Il a été visionnaire dans son écriture quand on pense que le Pierrot lunaire de Schönberg a été écrit une dizaine d'année plus tard. Mais il ne faut pas oublier que le premier à avoir semé la graine de l'atonalisme, bien plus tôt, était Franz Liszt ! La Lugubre gondole date de 1882-83 ! Qui sait ce qu'aurait écrit Liszt s'il avait vécu encore un peu... Et qui sait, au fond, pourquoi Abel Decaux n'a pas souhaité continuer de composer après ses Clairs de lune

Dans un tout autre genre, Pierre-Octave Ferroud a écrit les trois Types qui sont des caricatures : le Vieux beau, la Bourgeoise de qualité, et le Businessman.  C'est une musique à la fois drôle dans le caractère et très complexe d'un point de vue de l'écriture !

Samazeuilh et Aubert ont écrit des musiques plus impressionnistes. Pour moi, le premier serait dans la lignée de César Franck, à la lumière orientalisante, et le deuxième de Franz Liszt. Les couleurs, la lumière, la nature priment.