Stravinsky en boîte
Igor Stravinsky Edition. Oeuvres et interprètes divers. Livret en anglais, allemand et français. 23 CD Warner. 0190295 140939
Igor Stravinsky Edition. Oeuvres et interprètes divers. Livret en anglais, allemand et français. 23 CD Warner. 0190295 140939
Suite et fin de la publication de l’article rédigé par Harry Halbreich en 1996 sur les Symphonies de Bruckner (lire ici et ici les deux précédents textes). Cette dernière étape est consacrée aux Symphonies n°7 à n°9. Si le texte d’analyse est publié tel quel, la discographie des symphonies de Bruckner, qui s’est particulièrement développée au cours des 30 dernières années, a été actualisée par Bertrand Balmitgere et Christophe Steyne sous la coordination de Pierre-Jean Tribot.
Symphonie n°7 en mi majeur
Ce fut la Septième Symphonie qui apporta enfin la consécration internationale au compositeur sexagénaire à la suite de sa sensationnelle création à Leipzig sous la direction d'Artur Nikisch, suivie de celle de Hermann Levi à Munich. La Septième demeure avec la Quatrième la plus populaire de la série. D'une inspiration sereine, rayonnante et lumineuse, elle conquiert l'auditeur dès l'envolée prodigieuse de son thème initial, et ne cessera de le captiver grâce à une forme particulièrement claire et à des profils mélodiques mémorables. Le grandiose et émouvant Adagio culmine en une bouleversante musique funèbre des cuivres graves, à la mémoire de Wagner qui venait de mourir. Succédant à un Scherzo dont le thème très original est un cri de coq stylisé, le Finale est plus bref et moins monumental que ceux des autres Symphonies, ce qui facilite peut-être l'accès de l'oeuvre en général, mais crée un certain déséquilibre entre les deux premiers mouvements et les deux derniers. Bruckner avait primitivement prévu le Scherzo en deuxième position, et cette succession créerait certes un équilibre meilleur. Composée de 1881 à 1883, la Septième ne fut jamais remaniée, et la seule controverse textuelle qu'elle présente est le fameux coup de cymbales au sommet de l'Adagio, rajouté après coup, puis supprimé, puis remis... La très grande majorité des chefs l'adoptent, à juste titre à mon avis. Discographie pléthorique, avec maintes versions sublimes : Wilhelm Furtwängler (DGG), Karl Böhm (DGG) , Eugen Jochum à Dresde (Warner), Herbert von Karajan à Vienne (DGG), Daniel Barenboim à Berlin (Teldec), Giuseppe Sinopoli à Dresde (DGG), Carlo Maria Giulini à Vienne (DGG).
Nous poursuivons la mise en ligne de l’article rédigé en 1996 par Harry Halbreich et consacré aux symphonies de Bruckner. Cette seconde étape est consacrée aux symphonies n°3 à n°6 et au quintette à cordes. Si le texte d’analyse est publié tel quel, la discographie des symphonies de Bruckner, qui s’est particulièrement développée au cours des 30 dernières années, a été actualisée par Bertrand Balmitgere et Christophe Steyne sous la coordination de Pierre-Jean Tribot.
Symphonie n°3 en ré mineur (« Wagner-Symphonie »)
Cette oeuvre célèbre doit son surnom à sa dédicace accompagnée, dans sa version primitive, d'un certain nombre de citations wagnériennes. Cette Symphonie puissamment cuivrée (presque à l'excès), héroïque voire guerrière, est la plus problématique des neuf. Immensément ambitieuse pour l'époque où elle fut conçue, elle n'a jamais totalement réalisé ces ambitions, bien qu'il en existe trois versions complètes, et même une de plus pour l'Adagio. La toute première version (1873) est la plus vaste de proportions (c'est même la plus longue des neuf Symphonies sur le papier), la plus audacieuse de langage, très dissonante par endroits, toute caparaçonnée de cuivres. L'Adagio y présente la forme lied en cinq sections, prototype de celui de la Septième (avec ici aussi les volets pairs en mesure à 3/4), et cette forme semble la plus naturelle pour ce morceau. Par maints détails, le remaniement de 1877 représente un net progrès, et pourtant cette première version est si grandiose, elle possède un tel souffle épique, qu'elle doit conserver droit de cité à côté de sa cadette. Il existe une version intermédiaire de l'Adagio (1876), conservant encore la forme en cinq compartiments mais fort différente, surtout dans le riche travail des figurations. La version de 1878, établie à l'issue de la catastrophique première audition du 16 décembre 1877 dirigée par le compositeur lui-même, doit être considérée comme la plus satisfaisante, bien qu'elle mutile quelque peu la forme de l'Adagio et opère quelques coupures pas indispensables dans les mouvements extrêmes, à côté d'autres qui se justifient. Cette version est la seule dont le Scherzo comporte une coda. A l'exception d'un bref vestige à la fin de l'Adagio (le Sommeil de Brünnhilde), les citations wagnériennes ont disparu. C'est cette version qui est à préférer ; elle s'impose d'ailleurs de plus en plus, au détriment, heureusement, de la calamiteuse remouture de 1889, longtemps la seule connue car la seule accessible par l'édition critique, Nowak ayant préféré commencer son travail de publication par elle, suivant son principe de favoriser le texte autographe le plus récent. Or, si les dégâts sont limités dans le premier mouvement, l'Adagio, encore abrégé par rapport à 1878, est défiguré par une mélodie de trompette vulgaire et non-thématique dont on a peine à croire qu'elle soit de Bruckner. Ce qui est certain, dans cette version imposée au compositeur par les frères Schalk, c'est que le Finale n'est pas de sa main, mais de la leur. Ses monstrueuses coupures en déséquilibrent et en dénaturent la forme (il manque pratiquement toute la réexposition, rendant le morceau impossible à "construire" pour le chef), tandis que la dynamique et l'orchestration portent de multiples traces de "wagnérisation". Comment un morceau non-autographe a pu trouver place dans une édition critique, au point d'éclipser les autres, authentiques, pendant trente ans, permettant aux chefs et aux orchestres de prendre de détestables habitudes.
Marie-Nicole Lemieux est cette année l' "Artiste en résidence" de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Pour le concert d'ouverture de la saison au mois de septembre dernier, elle nous avait séduit dans les Sea Pictures d'Edward Elgar.
Pour le premier concert de 2020, Marie-Nicole Lemieux revient avec les Wesendonck Lieder de Richard Wagner. Superbement entourée, la contralto canadienne a enchanté le public par la rondeur et le moelleux de sa voix de soliste répondant aux splendeurs orchestrales sous la baguette du Maestro Eliahu Inbal.
Au cours de chaque saison, l’Orchestre de la Suisse Romande cède deux ou trois soirées de sa programmation à d’autres grandes formations. Actuellement, lourdement affairé par la préparation de la Tétralogie qui doit rouvrir le Grand-Théâtre de Genève, il sollicite l’Orchestre National de Lyon qui, pour la circonstance, est dirigé par Eliahu Inbal.
Le programme débute par l’intervention du soliste, le grand pianiste brésilien Nelson Freire, qui est régulièrement invité à Genève où il compte de nombreux amis, dont Martha Argerich et Nelson Goerner, tous deux présents au concert. Cette fois-ci, il opte pour une œuvre complexe, mal-aimée du grand public, le Quatrième Concerto en sol mineur op.40 de Sergey Rakhmaninov. Profitant de la parfaite fusion des pupitres lyonnais, il attaque avec une rare énergie le premier thème fortement rythmé puis fluidifie le trait pour dialoguer avec le cor anglais en un cantabile élégiaque ; mais le développement a tendance à devenir touffu, en frisant la boursouflure. Par contre, le largo renoue avec une poésie intimiste, alors que le canevas feutré des cordes livre les bribes d’une chanson anglaise pour enfants, Three Blind Mice. En lignes arachnéennes à la Prokofiev, est dessiné un finale qui est empreint d’une exubérance tonifiante malgré les zones d’ombre inquiétantes qui s’amoncellent sur son parcours.
Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°9
Orchestre National de Lille, Eliahu Inbal, direction
Parfois, il suffit d’une baguette pour qu’un orchestre se transcende, se galvanise. Et quelle baguette lorsqu’il s’agit du chef Israélien, Eliahu Inbal, fin connaisseur des œuvres, entre autres, de Mahler et Bruckner ou encore Chostakovitch !