Mots-clé : Franck Leguérinel

Offenbach et sa Vie parisienne originelle : une version délirante sur DVD

par

Jacques Offenbach (1819-1880) : La Vie parisienne, opérette en cinq actes. Version originelle complète. Jodie Devos (Gabrielle), Rodolphe Briand (Gardefeu), Marc Mauillon (Bobinet), Franck Leguérinel (Le Baron de Gondremarck), Sandrine Buendia (La Baronne de Gondremarck), Aude Extrémo (Métella) ; Chœur de chambre de Namur ; Les Musiciens du Louvre, direction Romain Dumas. 2021. Notice et synopsis en anglais et en français. Sous-titres en français, en anglais, en allemand, en japonais et en coréen. 178’00’. Deux DVD Naxos 2.110753-54. Aussi disponible en Blu Ray. 

Jacques Offenbach à l’Opéra Comique : un « Voyage dans la Lune » enchanteur

par

Comme après un lointain voyage, l’étourdissement se dissipe lentement au retour sur terre, laissant place, tout simplement, à l’émerveillement. Presque à l’incrédulité.

Car les ressources mises à contribution pour monter cette féerie d’Offenbach créée au Théâtre de la Gaîté le 26 octobre 1875, n’ont pas de prix et ne rentrent dans aucun budget.

La capacité de se mettre à hauteur de jeunes artistes avec autant d’exigence, d’humilité, d’écoute et de perfection suppose une très fine perception de l’enfance et de l’adolescence.

Conjugués avec l’expérience, l’intelligence et un goût parfait, le résultat atteint un niveau de qualité digne des prestations de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Évoquant même la délicieuse fraîcheur et la pureté des interventions des « Drei Knaben » dans la Flûte enchantée.

 Certes, la durée a été réduite d’un quart (avec notamment la suppression -judicieuse en effet !- du « marché aux femmes »).

Le choix d’un jeune ténor, séduisant, musicien sensible, (Arthur Roussel) pour le rôle travesti du Prince Caprice -confié à l’origine à la fameuse Zulma Bouffar- pâtit d’un manque de projection (diction confuse, trac ?).

Quant au texte, très simplifié, il s’éloigne indiscutablement de la profusion et de l’insolence des librettistes, Vanloo, Leterrier et Mortier, même si les « grains de sel » d’Agathe Mélinand (un « hug » incongru entre le Roi V’lan et le Roi Cosmos) sont supposés pimenter l’ensemble.

Après l’entracte « Fortunio » d’André Messager 

par

Hasard de mes pérégrinations à l’opéra, après le Mignon de Liège, le Fortunio de Nancy. Deux « opéras-comiques », deux œuvres plutôt légères, destinées initialement à un public venu vivre de belles émotions qui ne l’engageaient ni ne l’effarouchaient pas trop et lui valaient un bon divertissement socio-musical. Mais les deux fois, des œuvres qui, finalement, se révèlent de réelle intensité. Ainsi, si ma critique de Mignon était significativement titrée « De l’opérette à l’opéra », cette fois, pour ne pas reprendre le même titre, j’ai choisi « Après l’entracte ».

C’est qu’en effet, la première partie de l’œuvre de Messager est éminemment légère, avec ses situations et personnages typés. Une petite ville de province profonde, son notable (le notaire André), la belle et prude épouse de celui-ci (Jacqueline), un régiment qui passe (et son séducteur galonné de capitaine Clavaroche), un jeune homme timide et poète (Fortunio). Tout est prêt pour une sorte de vaudeville avec un mari-papa, sa femme qui « se réveille » dans les bras du capitaine, et la bonne idée du « chandelier », une sorte de paratonnerre : Fortunio, leurre amoureux qui distraira le mari, le trompant sur la réalité de la situation. Léger ? Cela commence par une partie de pétanque, cela nous vaut des vers immortels : « Il était gris, la nuit était noire », « C’est un morceau de roi, c’est un morceau pour moi » ; et bien sûr un amant caché dans le placard ! La musique et les airs sont à l’exacte mesure de cette histoire attendue. Agréables à écouter.

Le Postillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam, éblouissante première en DVD

par

Adolphe ADAM (1803-1856) : Le Postillon de Lonjumeau, opéra-comique en trois actes. Michael Spyres (Chapelou/Saint-Phar) ; Florie Valiquette (Madeleine/Madame de Latour) ; Franck Leguérinel (Le Marquis de Corcy) ; Laurent Kubla (Biju/Alcindor) ; Michel Fau (Rose) ; Yannis Ezziadi (Louis XV) ; Julien Clément (Bourdon) ; Chœur Accentus ; Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction Sébastien Rouland. 2019. Notice en anglais et en français. Synopsis en anglais et en français. Sous-titres en français, anglais, allemand, japonais et coréen. 137.00. Naxos 2.110662. Aussi disponible en Blu Ray.

La Salle Favart célèbre le 200e anniversaire d’Offenbach avec Madame Favart

par

Madame Favart, l’opéra comique en trois actes d’Offenbach créé à la fin de sa vie en 1878 -il mourra en 1880- permit au compositeur d’origine allemande un retour « sur scène » après une période difficile suite à la défaite française face à la Prusse. C’est le dernier éclat de sa vie, le « dernier grand succès » selon le chef Laurent Campellone.
Mais notre impression sur cette production est mitigée : il est déconcertant de suivre constamment un mélange de musiques de styles tout azimut pendant 2 heures 30. Certes, Offenbach savait parfaitement comment fonctionnait le public et il a concocté une belle partition qui, à la fois, répondait aux attentes de ce dernier et le surprenait. Ainsi, à côté d’un joyeux ensemble pour l’Orphée aux enfers, on trouve des envolées lyriques très amples ou encore une tyrolienne. Aujourd’hui, pour nos oreilles qui ne sont pas (ou plus) habituées à ce genre de patchwork, la surprise agit autrement et il nous faut du temps pour pouvoir tout digérer… Au milieu de tout cela, cependant, un très bel air de Charles-Simons Favart dans l’acte III, justement surprenant dans sa facture (on frôle le music-hall !), montre le parfait savoir-faire de l’homme qui fut un temps le roi de l'opérette.

Qu’il est beau « Le POSTILLON de LONJUMEAU » !

par

Somptueux costumes de Christian Lacroix, distribution brillante, orchestre clair et chantant et surtout - circulant entre scène et salle - un courant de tendresse joyeuse, une connaissance et un amour vrai de ce répertoire. Avant d’être délaissé, ce Postillon de Lonjumeau (sans g) d’Adolphe Adam rencontre, dès sa création en 1836, un vif succès et sera représenté plus de 600 fois en un demi-siècle. Certes l’intrigue peut paraître ténue : un fringant postillon abandonne sa femme le jour de ses noces pour faire fortune comme chanteur à la cour de Louis XV et la ré-épouse dix ans plus tard sans l’avoir reconnue. Mais, après tout, L’Elixir d’Amour créé six ans plus tôt à partir d’un livret français d’Auber ou la Fille du Régiment qui suivra avec ses neuf « contre-ut », fonctionnent sur un schéma similaire.

La Belle Hélène dans les visées de la mission « beauté fatale » à Nancy

par

Chaque production de La Belle Hélène est si attendue par les amoureux de Jacques Offenbach qu'elle représente un défi pour tout metteur en scène. Comment présenter cette opérette archi-connue sans tomber dans la banalité ou la vulgarité, tout en proposant une lecture neuve et amusante ? La parti pris de Bruno Ravella à l’Opéra National de Lorraine (jusqu'au 23 décembre) est de jouer avec la surperficialité, l’hypocrisie d’un pouvoir déconnecté de la réalité et qui cultive sa futilité, en s'appuyant sur des situations identifiables pour le public d’aujourd’hui.