Un concert de voix enchanteresses
Antonio VIVALDI
(1678 - 1741)
Gloria en ré majeur - Nisi Dominus - Nulla in mundo pax sincera
Julia LEZHNEVA (soprano), Franco FAGIOLI (contreténor), Choeur de la Radiotélévision suisse, I Barocchisti, dir.: Diego FASOLIS
2018-59'16''-Notice en anglais, français et allemand-Chanté en latin-Textes chantés inclus-Decca 4833874
Il y a une cinquantaine d'années, Vivaldi n'était connu que comme compositeur de musique instrumentale, essentiellement concertante. On savait, bien sûr, qu'il avait écrit des opéras et des oeuvres sacrées, mais ils restaient dans l'ombre. Ce Gloria RV 589 (et peut-être aussi l'oratorio Juditha triumphans) constituait la seule exception. Il semblerait avoir été composé en 1716, à Venise. Sa gloire est s'explique par deux qualités : la simplicité de l'écriture, et le charme mélodique. Le caractère heureux de la partition éclate à chaque instant et exerce un sentiment de sérénité sur l'auditeur. Les choeurs, en particulier, clament leur joie du "Gloria in excelsis Deo" initial jusqu'au grandiose "Cum Sancto Spirito" conclusif, contrapuntique, et grandiose (la trompette intervient, mais se montre discrète), en passant par l'alerte "Domine Fili unigenite". Tous ces moments plaisants sont enlevés avec énergie et alacrité par Diego Fasolis, dont le sens aigu de la dynamique fait merveille. A la lumineuse Julia Lezhneva revient le grand air "Domine Deus Rex caelestis", avec hautbois obligé, et au délicat Franco Fagioli le "Domine Deus, Agnus Dei". Leurs timbres se marieront avec bonheur dans l'unique et superbe duo "Laudamus te". Au contreténor est dévolue la totalité du Nisi Dominus RV 608. Ce psaume est fort célèbre pour la quatrième de ses sept parties, intitulée "Cum dederit dilectis suis somnum", décrivant le repos accordé par Dieu à ceux qu'il chérit. Il s'agit d'une longue mélopée, très apaisée en effet, et d'un galbe mélodique sublime. Philippe Jaroussky en avait déjà enregistré une interprétation émouvante, mais Franco Fagioli ne démérite pas. On retrouve son legato et sa douceur dans les autres parties telles le "Vanum est vobis" ou le simple et frais "Beatus vir". Le Nulla in mundo pax sincera RV 630, qui conclut ce bel album, est, lui, confié à Julia Lezhneva. Ce n'est pas un psaume, mais un motet. Il ne contient que quatre morceaux, mais le premier air fait tout de même 7 minutes. C'est une adorable sicilienne, doucement soutenue par le théorbe et les cordes, et qui met bien en valeur la voix si chaleureuse et si douce de la chanteuse russe. Le second air, après un bref récitatif, est beaucoup plus virtuose. Un éclatant "Alleluia" conclut cette jolie oeuvre.
Bruno Peeters
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10