Un moment passionnant de l'année Gounod

par

Charles GOUNOD
(1818 - 1893)
Cantates et musique sacrée
Marie Stuart et Rizzio (1) - Fernand (2) - La Vendetta (3) - Messe vocale (4) - Christus factus est (5) - Hymne sacrée (6) - Messe de Saint-Louis-des-Français (7)
Gabrielle PHILIPONET (1, soprano), Chantal SANTON-JEFFERY (3, soprano), Judith VAN WANROIJ (2, 5,6, soprano), Caroline MENG (6, 7, mezzo), Artavazd SARGSYAN (6, 7, ténor), Sébastien DROY (1, ténor), Yu SHAO (2, 3, ténor), Alexandre DUHAMEL (6, baryton), Nicolas COURJAL (2, basse), François Saint-Yves (4, 6, orgue) - Vlaams Radiokoor, Brussels Philharmonic, dir.: Hervé NIQUET
2017- livre-album 2 CD - notice en français et en anglais - chanté en français et en latin - textes inclus - Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française - Ediciones singulares ES 1030

Aux côtés de Debussy, le monde musical fête un autre grand compositeur français, Charles Gounod, dont cette année célèbre le bicentenaire de la naissance. L'Opéra-Comique de Paris organise un important colloque du 4 au 6 juin prochain, autour des représentations, à la Salle Favart, d'une grande rareté, l'opéra La Nonne sanglante. Autre rareté, l'oratorio Saint-François d'Assise, longtemps cru perdu, enfin retrouvé, et enregistré tout récemment en première mondiale par Laurence Equilbey (Naïve). Autre première mondiale, l’intégrale des cinq quatuors à cordes chez Aparté. Et voici à présent ce superbe livre-album de deux CD, l'un présentant les trois cantates écrites pour le Concours de Rome, et l'autre des pages de musique sacrée peu connues. Pour sa première participation, en 1837, Gounod remporta le second Grand Prix. Marie Stuart et Rizzio dénote encore certaines influences (Berlioz, Auber) mais se distingue par une orchestration soignée, un charme mélodique évident, et un sens aigu du récitatif dramatique. L'air final, magnifiquement chanté par Gabrielle Philiponet, est déjà remarquable par sa véhémence théâtrale. Deuxième essai, l'année suivante, avec La Vendetta, une sombre histoire de vengeance corse. L'écriture est souple, plus aisée. On quitte presque le domaine de la cantate pour aboutir à une vraie scène d'opéra. La prière de Lucien, "Notre-Dame des Orages" est fort belle (bravo à Yu Shao). Avec Fernand, enfin, Gounod obtient le Premier Grand Prix de Rome 1839. Le règlement ayant changé, la cantate présente trois rôles au lieu de deux (s'ajoute un baryton ou une basse, ici Nicolas Courjal, toujours impeccable). Le long trio final est d'ailleurs le morceau le plus soigné de la partition. Le second CD est consacré intégralement à la musique religieuse, que Gounod a servie en abondance, mais qui a dû s'effacer devant ses succès à la scène. La postérité a remis à l'honneur quelques pages, comme la Messe solennelle de Sainte-Cécile ou l'ultime Requiem. En voici d'autres, quasi inconnues. Et tout d'abord la Messe vocale, i.e. sans accompagnement d'orchestre, de 1843. Influencée par Palestrina, découvert à Rome, la musique est douce, sereine, très harmonieuse, et le Vlaams Radiokoor s'y illustre à merveille. Une originalité : un petit choral précède chaque morceau. Bref motet pour soprano et orchestre, Christus factus est fait briller tout le talent de Judith Van Wanroij. D'une autre ampleur, l'Hymne sacrée, de 1843, constitue une des perles de ce livre-album. Il s'agit d'un "envoi de Rome", composition obligatoire à envoyer à Paris depuis Rome par chaque lauréat du Prix. Cette pièce est écrite pour quatuor de solistes, choeur et orchestre. Elle a fière allure, et fusionne à merveille les aspirations mystiques du compositeur et son brillant sens dramatique. Le finale est une vraie scène d'opéra avec air, quatuor, fugue et grand ensemble choral. On y notera la belle partie de baryton d'Alexandre Duhamel. Egalement écrite à Rome, la Messe de Saint-Louis-des Français date de 1841. Cette fois, Gounod favorise la partie de ténor (Artavazd Sargsyan) dès le "Christe" et jusqu'au "Sanctus". Malgré quelques banalités, l'oeuvre est mélodique, sereine, et le climat, recueilli. Voilà une parution importante, dont l'intérêt n'échappera à aucun admirateur de Gounod : il faudra encore remercier l'infatigable Hervé Niquet, toujours au service de la musique française romantique, que magnifie une fois de plus le Palazzetto Bru Zane.
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 10

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