Une découverte de l'oeuvre pianistique de Svetislav Božić
Svetislav Božić (1954) : Mosaïque Byzantine ; Après une guerre avec un peu d'espoir à travers la pluie; Souvenirs des ancêtres. Jasmina Kulaglich, Piano 2009 - ret en anglais et français - 52'36 Naxos 9.70162
La pianiste Jasmina Kulaglich nous fait découvrir l'univers du compositeur serbe Svetislav Božić. Il va sans dire que ce dernier est fort peu connu dans nos contrées latines ! Pourtant son oeuvre protéiformes est régulièrement jouée, principalement en Europe centrale. Sa biographie mentionne différentes partitions avec orchestre présentées comme des incontournables de son art. Les titres -Chants de Metohija, Le dernier amour d'Instanbul ou les Chevaux de St-Marc- évoquent une musique puissance et narrative. Mais c'est avec une forme purement instrumentale qu'il fait son entrée au catalogue Naxos : Mosaïque Byzantine. Ce cycle de neuf pièces consacré aux monastères orthodoxes des Balkans est un savant mélange inspiré des chants byzantins mais aussi des musiques traditionnelles serbes et de toutes les musiques de feu l'empire ottoman. On y retrouve également une atmosphère proche de l'oeuvre de Leoš Janáček avec ses brumes et ses mystères, ou encore de celle d'Arvo Pärt avec l'association d'une musique religieuse mystique et de séquences minimalistes. On est ravi par l'originalité de cette oeuvre qui relie l'Occident et l'Orient, le passé et le présent, dans un environnement quasi spirituel.
Deux autres partitions complètent le cycle. Après une guerre avec un peu d'espoir à travers la pluie est une pièce courte qui évoque, comme le titre le dit si bien, toute l'horreur de la guerre et des bombardements de Belgrade en 1999 ainsi que les inondations causées par des pluies diluviennes qui se sont abattues simultanément sur la ville. Alors que Souvenir des ancêtres est une berceuse apaisante, un chant d'espoir, d'amour et de paix.
Jasmina Kulaglich est née à Belgrade, tout comme le compositeur. Mieux que personne, elle peut comprendre les sentiments du musicien : c'est un retour aux sources, à ses origines. Elle nous transmet ce message musical avec ferveur et passion.
Dans cet enregistrement réalisé à La Chaux-de-Fonds, la pianiste fait chanter le merveilleux Steinway avec toute sa palette de couleurs et de nuances. L'intéressante notice, de la plume du musicologue Olivier Raimbault, nous permet de bien cerner ces partitions.
L'image de l'Ange Blanc sur la pochette est une partie d'une fresque peinte au 13e siècle dans un monastère serbe. Pour Jasmina Kulaglich, il représente la Paix, l'avenir de l'humanité. Ce disque prend une résonnance particulière en ces moments de confinement.
Notes:
Son : 10 - Livret: 10 - Répertoire:10 - Interprétation: 10
Carlo Schreiber
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