Vanessa Wagner à l’arsenal de Metz

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Ce mercredi 5 février, Vanessa Wagner était en concert à l’Arsenal de Metz. Interprétant les Saisons de Tchaïkovski, trois des six impromptus de l’opus 5 de Sibelius et quelques extraits des Pièces lyriques de Grieg, la pianiste offrit, selon son habitude, des œuvres rares et aussi intéressantes que leurs censeurs plus courues, quand ce ne sont pas des créations qui lui sont dédiées. 

Si les trois différentes parties de ce concert mettaient à l’honneur des compositeurs connus surtout pour des œuvres orchestrales, elles montraient nonobstant leur aptitude à écrire des pièces plus intimes, en forme des promenades intérieures, pour piano. 

Les Saisons de Tchaïkovski permirent déjà à la pianiste française de révéler son toucher délicat en avançant dans une introspection mélancolique, traversées quelques fois d’éclairs brutaux, aspirée vers un ailleurs céleste. Des atmosphères de coin de feu en hiver et de songeries douces zébrées de temps fort comme des pas dans la neige transparaissent de cette musique.

Les trois impromptus de Sibelius, à savoir les 3, 5 et 6, au contraire, montrèrent des visages plus graves, si ce n’est martiaux, avec des mélodies plus profondes et terriennes. Et surtout des espaces intérieurs vastes, ouverts, et forts s’y déroulent. Le compositeur des grandes étendues symphoniques montre avec ces impromptus qu’il a intériorisé les plaines infinies de neiges de sa Finlande.

C’est sans doute dans les Pièces lyriques de Grieg que la pianiste révélé le plus ses talents. Est-ce grâce à leurs aspects narratifs qui lui permettent à elle, qui ne cache pas son caractère littéraire dans sa très sympathique prise de parole, de déployer le mieux ses talents ? Les Pièces lyriques de Grieg sont en effet des récits fantastiques de trois ou quatre minutes pleines de légendes. Ils sont ainsi à la fois réels et fantastiques, dans le même geste, mêlant des héritages de Chopin, de Schumann,  de Mendelssohn  au terroir natal du compositeur.

Ces trois façons de faire des voyages intérieurs, sont aussi trois portraits de compositeurs que Vanessa Wagner donne à entendre, avec un Tchaïkovski mélancolique et rêveur, un Sibelius sérieux, robuste et comme une émanation tellurique de son pays, et un Grieg à la fois très concret et très fantasque, enjoué et grave, naturaliste et fantasque. 

Le toucher de Vanessa Wagner sait pour cela parfaitement utiliser sa force, comme des vagues, parfois se retenant, parfois insistant, mais jamais en imposant sa présence, Sa délicatesse suit sa force, comme les montagnes les plaines dans une longue promenade. Elle fait ainsi voyager son auditeur en des paysages choisis, en une joie douce.

Metz, Arsenal, 5 février 2025

Crédits photographiques : Corentin Charbonnier

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