Vienne à Lille
Ouvertures, polkas, valses, danses de Johann et Josef Strauss, Joseph Lanner, Josef Hellmesberger, Franz von Suppé et Jacques Offenbach
Orchestre National de Lille, dir.: Wolfgang Doerner
Décembre se termine en fête à l’Orchestre National de Lille. Pour l’occasion, la phalange du nord de la France proposait un concert autour de Vienne. Pas besoin donc de se déplacer dans la capitale autrichienne pour redécouvrir certains chefs-d’œuvres qui marquent nos esprits chaque année. Devant une salle comble… et comblée, l’ONL s’est dispensé de sortir les grands classiques du placard pour favoriser la redécouverte de certains bijoux de la danse. Du Baron Tzigane de Johan Strauss à Winterlust de Josef Strauss, le public a pu goûter à un répertoire riche en contrastes, en dynamiques et en surprises, tant rythmiques qu’harmoniques. La finesse du langage nous montre à quel point elle peut être mal interprétée et comprise. A côté des pièces moins célèbres, le public a pu retrouver l’ouverture de La Belle Galathée de Franz von Suppé ou encore la remarquable Kaiserwalzer de Johann Strauss. Sous la battue expressive et démonstrative de Wolfgang Doerner, natif d’Autriche, les pupitres de l’ONL sont à l’aise dans ce répertoire, après une excellente lecture de la Symphonie n°7 de Beethoven quelques jours auparavant. Belles dynamiques et précisions des percussions, justesse irréprochable des vents, notamment les cuivres, quelques très beaux solos confiés au violoncelle, au violon, à la flûte et d’autres, et un ensemble homogène et contrasté. Doerner, évidemment familier de ce répertoire, dirige l’entièreté du programme par cœur, dessine chaque phrase avec intelligence et ose certains effets surprenants. On est loin d’une simple lecture banale et monotone. Ce qui a contribué à l’excellence du concert, c’est évident le caractère chaleureux du chef et sa perpétuelle invitation à s’exprimer. A cela s’ajoute un peu de sobriété pour un résultat sérieux, notamment dans la Danse diabolique de Josef Hellmesberger. Voilà un concert où la vulgarité, trop souvent entendue dans ce répertoire, a été mise de côté pour favoriser la finesse du langage. Entre une polka, une danse, une ouverture ou encore une valse, chacun a pu y trouver son bonheur. Comme apothéose, l’orchestre a terminé par trois bis, avec notamment le célèbre Beau Danube bleu et la Radetzky March avec l’apparition du père Noël au tuba et aux percussions. Un peu de tradition n’a jamais fait de mal à personne. L’Orchestre National de Lille reviendra en janvier autour de Brahms pour la suite d’une très belle saison. Bonnes fêtes à tous.
Ayrton Desimpelaere
Lille, le décembre 2014
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