Voyage au coeur du post romantisme russe

par
Glière

Reinhold GLIERE
(1875 - 1956)
12 feuilles d’album pour violoncelle et piano op. 51 – Ballade pour violoncelle et piano op. 4
Sergei RACHMANINOV
(1873 - 1943)
Sonate en sol mineur pour violoncelle et piano op. 19
Maja Bogdanovic (violoncelle), Maria Belooussova (piano)
2018-71’03’’-Textes de présentation en anglais et en français-Orchid Classics ORC100078
Compositeur prolifique, Glière fut également un pédagogue reconnu (il compta parmi ses élèves Aram Khatchatourian et Sergei Prokofiev). A une époque où certains de ses contemporains innovaient et cherchaient à se libérer du langage tonal, il resta un parfait héritier du romantisme du siècle précédent. Son formalisme teinté de références au folklore le fit d'ailleurs apprécier des autorités soviétiques. Il s'illustra principalement dans les genres concertant et symphonique (sa monumentale Troisième Symphonie « Ilya Muromets », qui tire son nom du héros d'une légende russe, est la quatrième la plus longue du répertoire), ainsi que dans le domaine du ballet. De moins grande envergure, sa production pour musique de chambre comporte néanmoins de très belles pages, comme les Douze feuilles d’album opus 56 écrites à Berlin en 1910 et probablement nommées d’après les pièces du même nom de Schumann (Albumblättern en allemand). Grand mélodiste, Glière fait chanter le violoncelle en animant l’œuvre d’un souffle lyrique, presque théâtral. Quelques mouvements plus rythmés, comme le numéro six avec sa mesure en cinq temps et sa mélodie exotique soutenue par un bourdon énergique, semblent inspirés de danses populaires. Le tout est rendu avec grâce et engagement, sans excès de pathos, par l’archet généreux de Maja Bogdanovic et l’accompagnement coloré de Maria Belooussova.
Leur complicité s’affirme dans la Sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov, dernière œuvre de musique de chambre écrite par le compositeur, dont on a parfois pu dire qu’il s’agissait davantage d’une sonate pour piano avec accompagnement de violoncelle. En effet, même si cette affirmation est exagérée, il est certain que le piano, avec une partie bien fournie, mène la danse tout au long de la sonate. Maria Belooussova remplit ce rôle avec énergie, par exemple lorsqu’elle introduit l’allegro moderato après l’introduction éthérée du premier mouvement. Le deuxième mouvement, un rien mesuré, par rapport à certaines versions plus emportées, ne manque toutefois pas de caractère. Le thème chantant de l’andante passe fluidement d’un instrument à l’autre, amenant un finale un peu trop calme à mon goût, et cela dès les premières notes du piano : écoutez en comparaison l’impétuosité d’un Jean-Yves Thibaudet dans son disque avec Truls Mork (chez Erato). Les contrastes de tempi pourraient être beaucoup plus affirmés, jusqu’au vivace de la coda qui reste assez tranquille. Dans toute la sonate, les recherches de sonorités variées au violoncelle sont remarquables, de l’atmosphère feutrée du tout début au grandes élancées romantiques.
Aline Masset, reporter de l'IMEP

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