L'entrée chez Decca de Sheku Kanneh-Mason

par
Sheku Kanneh-Mason

Sheku KANNEH-MASON
(violoncelle)
Inspiration
Œuvres de Hadar, Saint-Saëns, Casals, Chostakovitch, Offenbach, Marley et Cohen
2018-64’21’’-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Decca 4832948DH

A seulement 18 ans, le violoncelliste britannique Sheku Kanneh-Mason a réalisé son premier CD chez Decca. Il y fait preuve d’une belle maturité artistique, dans un programme éclectique où il rend tour à tour hommage à toutes ses sources d'inspiration (d'où le titre de l'album). Celui-ci s'articule autour du Concerto n°1 de Dimitri Chostakovitch, qui lui a valu sa victoire au concours de la BBC en 2016. L'enregistrement, réalisé lors d’une tournée en Angleterre, met en valeur les innombrables qualités du jeune musicien : un jeu précis, une justesse impeccable, une sonorité très profonde. Le deuxième mouvement en particulier, tout en délicatesse, permet à l'orchestre de la ville de Birmingham (CBSO) de déployer toute une palette de couleurs et d'instaurer un magnifique dialogue avec le soliste sous la baguette de la dynamique Mirga Grazinyte-Tyla. Du même compositeur, ils enregistrent également le nocturne de la suite Gadfly (suite orchestrale tirée de la musique qu'il avait composée pour le film du même nom).
Parallèlement à cela, Sheku Kanneh-Mason marque son attachement aux musique folkloriques, en interprétant un arrangement du traditionnel klezmer Evening of Roses, et deux mélodies catalanes arrangées par Pablo Casals, dont son très célèbre Cant dels ocells (chant des oiseaux), qu’il interprétait souvent à la fin de ses concerts comme ode à la paix.
Comme clin d’œil à la légendaire Jacqueline du Pré, se déploie la mélodie plaintive des Larmes de Jacqueline de Jacques Offenbach. On peut d’ailleurs remarquer des ressemblances dans le jeu du jeune anglais, romantique et passionné, avec celui de son aînée : un vibrato large, des glissandi élégants.
Une des particularités de cet album se trouve dans la variété et l’originalité des accompagnements. Pour quatre des pistes du disque, Sheku Kanneh-Mason est porté par le pupitre de violoncelles du CBSO, ce qui apporte une rondeur de son peu habituelle et très intéressante. Remarquons notamment une transcription réussie du cygne de Saint-Saëns, qui donne une nouvelle dimension à la pièce en remplaçant le piano de la version originale par l’ensemble de violoncelle et une harpe. Pour Evening of Roses, déjà mentionné plus haut, c’est une clarinette qui vient se joindre aux cordes graves.
Pour clôturer cet album, Sheku nous emmène dans un autre univers, avec un arrangement de No woman no cry de Bob Marley pour violoncelle seul où accords brisés et arpèges tranchent avec la version originale, et l’Hallelujah de Leonard Cohen, un choix de final peut-être un peu trop facile par rapport à l’originalité du reste du programme.
Aline Masset, reporter de l’IMEP

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