A Bruges : l’inventivité de Mantovani et l’évidence de Bruckner

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© Marco Borggreve

L’Orchestre Philharmonique de Rotterdam et son directeur musical Yannick Nézet-Seguin sont comme chez eux en Belgique ! De Bruges à Bruxelles, en passant par Gand et Anvers, ce tandem artistique est un fidèle invité des saisons belges et ses concerts sont toujours suivis par un public qui lui est très attaché. Pour sa venue hivernale dans la belle salle du Concertgebouw de Bruges, il proposait une copieuse affiche : la création belge du concerto pour flûte Love Songs de Bruno Mantovani avec Juliette Hurel (le lendemain de sa première audition mondiale) et la monumentale Symphonie n°8 de Bruckner. En ouverture de concert, la nouvelle partition concertante de Bruno Mantonavi fait très forte impression. On retrouve les clefs de l’univers du compositeur : une maîtrise stupéfiante de l’orchestre et une inventivité sonore qui se traduit par un sens narratif racé. Rompu à l’exercice du concerto, Bruno Mantovani sait faire dialoguer l’instrument soliste avec la masse orchestrale. On relève des moments magnifiques comme une époustouflante cadence de la flûte ou des passages plus dramatiques et tendus, traversés d’éclairs orchestraux. Juliette Hurel relève tous les défis d’une redoutable partie de soliste qui ne permet aucun moment de répit ! Yannick Nézet-Seguin gère parfaitement l’écriture orchestrale sculptant l’espace musical pour permettre à la flûte de raconter ces Love Songs. Le public enchanté réserve un accueil très enthousiaste à cette partition de Bruno Mantovani, présent dans la salle.
Yannick Nézet-Seguin aime Bruckner et fréquente assidûment ses symphonies. Le chef d’orchestre enregistre d’ailleurs une intégrale avec son orchestre métropolitain de Montréal (pour le label Atma). La force de son Bruckner repose sur la fluidité : jamais l’orchestre ne sonne lourdement ou massivement ! Les thèmes se développement avec limpidité et la puissante masse orchestrale est gérée avec un sens naturel des gradations. L’acoustique claire et précise du Concertgebouw de Bruges rend particulièrement justice à cette vision transparente et allante. Cette performance exceptionnelle est portée par un orchestre techniquement grandiose où l’on pointe des pupitres de cuivres, et en particuliers des cors, magistraux. On sort de ce concert presque déçu que la symphonie ne soit pas plus longue !
Pierre-Jean Tribot
Bruges, Concertgebouw, le 27 février 2016

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