A Genève, Jonatan Nott, flamboyant chef de concert

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Le lendemain de la première dElektra au Grand-Théâtre de Genève, l’infatigable Jonathan Nott dirige l’Orchestre de la Suisse Romande dans un programme Schumann-Brahms présenté au Victoria Hall le 25 janvier, à la Salle Métropole de Lausanne, le lendemain. Et il faut bien admettre qu’au concert, il possède un magnétisme et un rayonnement que la fosse de théâtre semble engloutir, au point de se demander si l’on a affaire au même chef. 

Le programme débute par l’un des ouvrages de Robert Schumann souvent relégués dans les fonds de tiroir, le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur qui a pour soliste Frank Peter Zimmermann, l’artiste en résidence de la saison. Dans l’introduction orchestrale, le chef s’ingénie à assouplir le phrasé dans une optique qui la rapproche du Vivace de la Symphonie Rhénane. Le violon lui répond par des traits interrogatifs en demi-teintes qui se chargent peu à peu d’une sève pathétique foisonnante. Le Langsam médian se développe en un choral qu’énoncent les cordes graves suggérant au soliste un ton de confidence recueillie alors que le Final ‘alla polacca’ brille par une élégance racée qui suscite l’enthousiasme du public. Visiblement touché, Frank Peter Zimmermann propose en bis une page de Bach, une Sarabande en si mineur dont les doubles cordes rehaussent l’expression méditative.

En seconde partie, Jonathan Nott reprend l’un de ses chevaux de bataille favoris, la Deuxième Symphonie en ré majeur op.73 de Brahms qu’il aborde dans un legato souverain guidant le cantabile des cordes. Il en atténue les lignes de force pour mettre en valeur l’expression mélodique des alti et violoncelles amenant le développement où les motifs s’entrelacent. L’Adagio non troppo impose une apparente sérénité, ne pouvant annihiler certaines tensions qui affleurent sporadiquement. L’Allegretto grazioso use des bois pour exhiber la fraîcheur pimpante d’un ländler aux accents fortement marqués. Le Final est vivifié par le serpentement des cordes amenant une péroraison brillante qui suscite les hourras des spectateurs conquis. Un magnifique concert !

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 26 janvier 2022

Crédits photographiques : Magali Dougados

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