A Genève, le Beethoven de Daniele Gatti

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Dans son programme de saison, le Service Culturel Migros avait annoncé la venue de Daniele Gatti et l’Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino interprétant la Neuvième Symphonie de Bruckner. Mais qui sait pourquoi, pour la série de quatre concerts donnés à Zurich, Berne, Genève et Lucerne, Daniele Gatti est bien présent mais à la tête d’une autre formation, l’Orchestra Mozart de Bologne fondé en 2004 par Claudio Abbado, repris en 2016 par Bernard Haitink puis en 2019 par son chef actuel qui a décidé d’en élargir le répertoire en intégrant des oeuvres méconnues du XIXe siècle et des ouvrages phares du XXe. Néanmoins pour cette tournée, le choix s’est porté sur deux des symphonies de Beethoven.

Dès les premières mesures de la Quatrième en si bémol majeur op.60, Daniele Gatti s’emploie à produire un coloris opaque en sollicitant le pianissimo des cordes graves d’où se dégagent progressivement les bois amenant un Allegro vivace d’une énergie farouche ponctuée par les timbales mais cultivant les contrastes d’éclairage dans un phrasé policé. L’Adagio a ici la fluidité d’un andantino dominé par un ample legato qui laisse affleurer d’infimes nuances des bois afin d’édulcorer les tutti. Le Menuetto tient du scherzo nerveux que tempère le trio par ses brusques ruptures de ton, alors que le Final développe une dynamique rapide grâce à la précision des cordes aboutissant à une coda désarticulant la phrase finale en guise de pirouette. 

En seconde partie, la célèbre Sixième en fa majeur op.68 mérite bien son surnom de «pastorale » par ce ton de flânerie sereine qui s’attache néanmoins à la netteté du discours et des formules rythmiques pimentées par quelques accords accentués. La Scène au bord du ruisseau recourt à des effets de suspension de la mélodie pour produire de subtils reflets dans l’eau, alors que la flûte et le hautbois conversent avec une légèreté de touche qui imprégnera ensuite la Réunion des paysans à tempo modéré. Mais les lignes se resserrent afin d’accentuer le caractère rustique de leur danse, brusquement interrompue par les seconds violons apeurés par le tremolo des basses amenant un Orage qui déverse de torrentielles ondées. Cependant, clarinettes et cors finissent par imposer un chant bucolique que les cordes pareront de joyeuses envolées qui s’étioleront peu à peu pour une coda en mélancoliques demi-teintes.

En résumé, un concert de grande qualité qu’applaudit avec transport un public enthousiaste. 

Genève, Victoria Hall, le 16 avril 2024

Crédits photographiques : Marco Borggreve

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