A  Genève, le concert d’automne des amis de l’OSR   

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Au cours de chaque saison, le Cercle des Amis de l’Orchestre de la Suisse Romande présente deux ou trois concerts exceptionnels, dont un Concert d’automne qui lui permet de solliciter le concours d’artistes de renom grâce au soutien de généreux donateurs. C’est pourquoi, le 5 décembre, ont été invités le jeune chef français Lionel Bringuier  et le violoncelliste norvégien Truls Mørk dont la réputation n’est plus à faire.

Le programme débute par Rugby, le deuxième des mouvements symphoniques qu’Arthur Honegger composa en 1928 et qui fut créé le 19 octobre de la même année par Ernest Ansermet et l’Orchestre Symphonique de Paris. Avec une énergie roborative, les cuivres donnent le signal de la mêlée en superposant les attaques et les ripostes de jeu ; le violoncelle tente d’élaborer un contre-sujet, alors que la phalange des autres cordes peine à imposer un discours qui finira par trouver une assise grâce à la clarté de la polyphonie. 

Intervient ensuite l’impressionnant Truls Mørk dans l’un de ses chevaux de bataille, le Concerto en la mineur op.129 de Robert Schumann. Sur un canevas souple négociant harmonieusement les contrastes d’éclairage, le soliste livre un chant d’une bouleversante humanité qu’irise le rubato. D’un grave aussi sonore que consistant, il tire d’expressifs accents qui deviennent douloureux dans le Langsam où il dialogue avec le chef de pupitre des violoncelles. Et c’est par la précision du trait qu’il mène le jeu dans un Sehr lebhaft dont la péroraison  donne l’impression d’être une libre improvisation. En bis, une sarabande de Bach austère, édulcorée par trilles et doubles cordes.

En seconde partie, Lionel Bringuier présente la Schéhérazade op.35 de Nikolai Rimsky-Korsakov, ouvrage chatoyant qui ‘sonne’ naturellement par la qualité de son orchestration. Pourquoi donc l’alourdir avec une section d’archets  incluant quinze premiers, quinze seconds violons et huit contrebasses, allant chacun leur bonhomme de chemin pour constituer une Mer épaisse comme la lave et rugissante comme le lion de Metro-Goldwyn-Mayer. Au cœur de ce tintamarre, le violon solo de Svetlin Roussev se fraye une voie pour insérer avec maestria ses traits virtuoses suggérant les dires de la sultane. Et c’est aussi grâce aux interventions du basson et de la clarinette que le discours devient captivant, tandis que le bruissement impalpable des cordes brosse la toile de fond des séquences médianes (Le Récit du Prince Kalender  / Le jeune Prince et la jeune Princesse). La Fête à Bagdad fascine par ses rythmes émoustillants avant d’être engloutie par d’assourdissants tutti. Too much …

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 5 décembre 2019

Crédits photographiques : Johs Boe

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