Alexandre Baldo dans un récital de raretés vocales de Caldara

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Antonio Caldara (1670-1736) : Sù cedete al dio dell’armi [La contessa de’ numi]. Cosi dunque tradisciAspri rimorsi atroci [Il Temistocle]. Trochi, si, la falce irata [Cajo Marzia Coriolano]. Vedea modesto volto [Mitridate]. Minaccerà le sponde [Scipione nelle Spagne]. Quanto ria tal pena sia [Scipione Africano il maggiore]. Più di belva [Il Battista]. Sapienza … Quando il tenero [Gesù presentato nel tempio]. Furie implacabili [Nitocri]. Introduction de Ifigenia in Aulide. Sinfonia de Santa Ferma. Alexandre Baldo, baryton-basse. Ensemble Mozaïque. Gabriele Toscani, Angelika Wirth, violon. Joanna Patrick, alto. Celeste Casiraghi, violoncelle. Elias Conrad, théorbe, guitare baroque. Chloé de Guillebon, clavecin. Mai 2022. Livret en allemand, anglais, français ; paroles en italien traduit en anglais. TT 57’31. Pan Classics PC 10447

On connaissait Alexandre Baldo comme altiste de l’ensemble Diderot. Il se fait désormais applaudir depuis deux ans par ses talents vocaux, récemment récompensés dans plusieurs concours internationaux. Le voici dans un récital sous l’égide d’un double-hommage : à Caldara, et au chanteur Christoph Praun, membre dès 1715 et pendant une cinquantaine d’années de la Hofkapelle de Vienne, dont le compositeur italien venait d’être nommé Vizekapellmeister.

Le CD accumule les raretés, voire les inédits au disque, ce qui n’est pas une gageure dans la mesure où au long de sa carrière, Caldara s’acquitta d’une centaine d’opéras et oratorios. Cette anthologie couvre l’ensemble de sa période viennoise, depuis Coriolano (1717) jusqu’à Il Temistocle écrit quelques semaines avant sa mort, sur un livret de Metastasio dont il avait déjà illustré quelques textes en cette décennie. Les autres livrets émanent principalement d’Apostolo Zeno.

Lors de ses recherches à la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Alexandre Baldo a succombé à ces arias imaginées pour Praun, qui correspondent à sa large tessiture de baryton-basse, et qu’il a collectées pour cet album. Dans ce répertoire exigeant, le jeune chanteur révèle une voix souple et capable de vélocité, apte à assumer le style fleuri et les coloratures dont ces partitions sont émaillées. La franchise de projection et les registres acrobatiques culminent dans Più di belva et les airs de bravoure chère à l’école napolitaine (Furie implacabili, Minaccerà le sponde). Au-delà de ces prouesses dramatiques, on admirera la maîtrise du souffle et la mezza voce dans Vedea mosto volto pétri de lancinant pathos, autant que la digne conduite, torturée de chromatisme, de Quando il tenero tiré d’un oratorio pour la Semaine Sainte.

Fin quatuor d’archets, cordes pincées avec délicatesse et imagination par Elias Conrad et le clavecin de Chloé de Guillebon : en effectif (trop ?) congru, l’ensemble Mozaïque focalise un accompagnement virtuose et individualisé, qu’on voudrait plus charnu dans les deux pages instrumentales qui complètent le programme. En tout cas, voici un florilège accompli et une avenante carte de visite qu’Alexandre Baldo peut épingler sans rougir à la prometteuse trajectoire vocale qui s’ouvre à lui. 

Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

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