Alto et orgue : un parcours spirituel autour de Bach

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Ad perpetuam memoriam. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Christ lag in Todesbanden BWV 625 ; Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ BWV 649 (transcription) ; Herr Gott, nun schleuss den Himmel auf BWV 617 ; Gelobt seist du, Jesu Christ BWV 604. Paul Hindemith (1895-1963) : Trauermusik (transcription). Gorka Cuesta (1969-) : Mors et vita, pour alto et orgue. Loïc Mallié (1947-) : Alors leurs yeux s’ouvrirent, pour alto et orgue ; improvisation. Édith Canat de Chizy (1950-) : J’ai vu le Ciel ouvert, pour alto et orgue. Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) : Gelobt seist du, Jesu Christ, sonate pour alto seul. Loïc Mallié, orgue. Karsten Dobers, alto. Livret en français, anglais. 2021. TT 58’33. Hortus 204

Après leur adaptation du Harold en Italie de Berlioz, chez le même éditeur (Hortus, 2017), Loïc Mallié et Karsten Dobers nous reviennent avec un album marqué par la ferveur, par Bach, et par des compositeurs que celui-ci a inspirés. Hors Bach, deux œuvres préexistent à ce projet : la Musique funèbre de Paul Hindemith (citant Vor deinen Thron tret ich hiermit, le dernier des « chorals de Leipzig », non enregistré ici) et la sonate pour alto Gelobt seist du, Jesu Christ de Bernd Alois Zimmermann, nourrie du choral homonyme que nous entendons plage 8 dans l’élaboration originale de Bach.

Trois autres étapes du programme émanent d’une commande d’OrgelPark, salle de concert amstellodamoise où a été réalisé ce disque. Deux autres maillons de l’Orgelbüchlein fertilisent deux d’entre-elles. Le Herr Gott, nun schleuss den Himmel auf peut se rapprocher de J’ai vu le Ciel ouvert d’Édith Canat de Chizy, dont le titre et les cinq séquences font allusion à un passage biblique de l’Apocalypse : « Puis je vis le ciel ouvert, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice ». Le Christ lag in Todesbanden (Christ gisait dans les liens de la mort) féconde le diptyque Mors et vita du compositeur espagnol Gorka Cuesta, ancien élève d’Édith Canat de Chizy et Loïc Mallié. Ce dernier nous offre une création, Alors leurs yeux s’ouvrirent, libre évocation de la scène des Pèlerins d’Emmaüs, en écho au Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ tiré des six « Chorals Schübler », tout cela pour alto et orgue. L’anthologie se referme sur une improvisation d’une dizaine de minutes, « sur les thèmes traités dans les pièces précédentes ».

Ces pièces ont été distribuées à trois des instruments de l’OrgelPark, qu’on aurait aimé voir présentés dans le livret. L’orgue baroque Utopa inauguré en 2018, à traction mécanique et dérivé de la facture de Zacharias Hildebrandt (1668-1757), échoit des trois extraits de l’Orgelbüchlein, servis sur des registrations parfois pâles (le BWV 617, seule étape décevante de ce CD). La tradition post-romantique allemande est représentée par l’orgue Sauer (1922/2006) ; l’école symphonique française est défendue par le Verschueren de 2009 : ces deux consoles se partagent les six autres pièces en duo. Les pages modernes et contemporaines sont interprétées avec toute l’habileté et la concentration requises. Cet intéressant parcours spirituel autour du Cantor de Leipzig bénéficie d’une excellente captation, mariant finesse, ampleur et relief.

Son : 9,5 – Livret : 7,5 – Répertoire : 7-10 – Interprétation : 7,5 (Bach) à 10

Christophe Steyne

 

 

 

 



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