Ambronay : un triomphe pour René Jacobs, Sophie Karthäuser & Cie
William Christie et les Arts Florissants
Invité régulier du Festival d’Ambronay, William Christie, à la tête de sa formation des Arts Florissants, a décidé de consacrer, cette année, l’intégralité de son programme à Haendel et à l’une de ses bienfaitrices, Caroline de Brandebourg-Ansbach, devenue reine d’Angleterre en tant qu’épouse de George II. Imposante, l’Antienne de funérailles ‘The Ways of Zion do mourn’, empreinte d’un souffle tragique que restitue à la perfection l’ensemble choral et orchestral. Le motet ‘Silete venti’ a la même force d’expression en dialoguant avec la soliste, le soprano Emmanuelle de Negri, timbre pulpeux et maîtrise du chant orné, qui a participé aux éditions 2006 et 2007 de l’Académie Baroque européenne d’Ambronay. Après le sixième Concerto grosso de l’opus 6, trompettes et timbales confèrent une indéniable grandeur à ‘The King shall rejoice’, l’une des antiennes destinées à célébrer le couronnement de George II. L’accueil du public massé dans l’Abbatiale a été délirant.
Festival d'Ambronay, Abbatiale d’Ambronay, le 21 septembre 2013
Le Nozze di Figaro en version de concert
Un véritable triomphe a salué cette exécution en concert des ‘Nozze di Figaro’ dont le principal artisan est René Jacobs, à la tête du Chœur de l’Opéra de Lyon et de l’Orchestre Baroque de Fribourg-en-Brisgau : infatigable sur la durée de quatre actes, nous restituant les ‘arie’ de Marcellina et de Don Basilio, il imprime à l’ensemble la tension d’une ‘folle journée’. Et quelle distribution vocale ! Rosemary Joshua a le grain sombre d’une Comtesse en proie à l’amertume, quand Pietro Spagnoli joue les maris retors avec des inflexions machiavéliques qui butent contre la détermination d’une Susanna (Sophie Karthäuser), consciente de son bon droit. Konstantin Wolff, son Figaro de mari, use du coloris sombre du timbre pour clamer ses justes prérogatives, alors qu’Anett Fritsch dessine un page récalcitrant mais touchant lorsqu’apparaît Lore Binon, une Barbarina qui, pour une fois, ‘existe’. L’on en dira de même pour Thomas Walker, époustouflant Don Basilio, Isabelle Poulenard, ambitieuse Marcellina et Marcos Fink, inénarrables Bartolo et jardinier Antonio.
Festival d'Ambronay, Opéra de Lyon, le 22 septembre 2013
Paul-André Demierre