Andreas Hofer : attachant portrait de sa musique sacrée da camera, à la Cour de Salzbourg

par

Andreas Hofer (c1628-1684) : Cum iucundidate cantemus ; Lauda Jerusalem ; Confitebor tibi Domine ; Laudate Dominum ; Laudate pueri Dominum ; Beatus vir [Salmi con una voce e doi violoni e Motetti con e senza violini]. Psalmi Brevi. Missa Valete. Capella Spirensis.  L’Arpa festante. Christoph Hesse, Angelika Balzer, violon. Johann Weber, Lothar Haas, alto. Nuria Sanroma Gabas, cornettino. Uschi Bruckdorfer, douçaine. Helga Löhrer, violoncelle. Haralt Martens, violone. Michael Dücker, luth. Joachim Weller, orgue. Markus Melchiori, orgue et direction. Juillet 2021. Livret en anglais, allemand ; paroles en latin et traduction en allemand.  73’47. Christophorus CHR 77461

Il y a une quinzaine d’années, un album Musikalische Vesper (2007) chez le label Cantate nous avait intéressés à ce compositeur dont la carrière se déroula majoritairement à Salzbourg où il étudia la musique et la théologie. Il y gravit les échelons, jusqu’à devenir chef de chœur à la Cathédrale (1666) puis Kapellmeister (1679), un poste confié par le Prince-Archevêque qui lui offrit la haute main sur l’activité liturgique et concertante de la Cour. Andreas Hofer y côtoya ses cadets Heinrich Biber (1644-1704) et Georg Muffat (1653-1704), alors respectivement assistant et organiste du Rupertsdom, dont la reconstruction s’était achevée en 1628.

La cité autrichienne, enrichie par l’exploitation des mines salifères et le commerce de cet or blanc, s’affirmait comme un des principaux centres musicaux européens, influencé par le style italien. Hofer se distingua par son langage polychoral dérivé de la manière vénitienne. La fastueuse Missa Salisburgensis à 53 voix lui fut un temps attribuée, avant que la paternité n’en fût rendue à Biber. On lui doit néanmoins un large corpus sacré : messes, requiem, Magnificat, Te Deum… Deux recueils furent publiés de son vivant : le Ver sacrum seu Flores Musici quinque vocibus & totidem instrumentis producendi (1674), et vingt ans auparavant le Salmi con una voce e doi violoni e Motetti con e senza violini. Le présent album s’alimente à cette première compilation de 1654, et inclut aussi les Psalmi Brevi (c1670, une collection à cinq voix de cinq psaumes et le Magnificat) et la brève Missa Valete qui aux cordes adjoint le cornetto. Tout cela de format chambriste et de ton intimiste. Notons que le programme du CD intercale Beatus vir et le Laudate pueri Dominum au sein de la messe où ils tiennent lieu de Graduel et d’Offertoire.

L’an prochain, l’ensemble L’Arpa festante soufflera ses quarante bougies. Il s’est notamment dévoué à la valorisation du répertoire Baroque sud-allemand. Il accompagne ici avec minutie et finesse les chanteurs de la Capella Spirensis qui nous gratifient de la même subtilité. La vaste acoustique de la cathédrale de Spire, captée par les bons soins de Christoph Frommen, prodigue un délicat écho qui nimbe cette interprétation, pour un délicieux effet dans les tuilages du Cum iucundidate cantemus, auréolé par Magdalene Harer et Jooweon Chung. Un récital sans rien d’extravagant, mais qui  instille ses chatoyantes capillarités au sein de ces attachantes partitions.

Son : 8,5 – Livret : 7,5 – Répertoire : 8 – Interprétation : 8,5

Christophe Steyne

 

 

 



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