Bach, quatre concertos redistribués pour violon et flûte à bec

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concertos pour flûte à bec et cordes en ré majeur BWV 1053R, en la majeur BWV 1055R. Concerto pour violon et cordes en sol mineur BWV 1056R. Concerto pour flûte à bec, violon et cordes en ut mineur BWV 1060R. Sinfonia de la cantate BWV 76. Sonate de la cantate BWV 182. Lorenzo Cavasanti, flûte à bec. Liana Mosca, violon, alto. Cantica Symphonia, Giuseppe Maletto. Efix Puleo, violon, alto. Alessandro Conrado, violon. Elena Saccomandi, alto. Nicola Brovelli, violoncelle. Federico Bagnasco, violone. Chiara Cattani, clavecin, orgue. Janvier 2021 & novembre 2022. Livret en anglais, français, allemand. TT 61’53. Glossa GCD P31910

Voici quatre concertos bien connus sous leur forme pour clavecin et qui, selon une pratique courante de l’époque et à laquelle n’échappa pas le compositeur, dérivent tout ou partie d’œuvres écrites pour d’autres instruments. Les conjectures musicologiques vont bon train ; certaines références sont citées dans la notice de l’album, on s’épargnera ici le soin d’ouvrir le débat. Liste non limitative : flûte ou hautbois pour le BWV 1053, hautbois ou viole d’amour pour le BWV 1055 (Jean-Pierre Rampal l’enregistra même à la traversière pour CBS voilà une quarantaine d’années, mais les archets de Rachel Podger ou Alina Ibragimova s’y sont aussi illustrés), violon pour le BWV 1056, violon & hautbois pour le BWV 1060. Excipant de ces passerelles plus ou moins autorisées, la notice de l’album justifie combien revisiter « un matériau musical préexistant sous une nouvelle forme et amplement adoptée par Bach, a inspiré la réalisation de ce CD ».

On retrouve donc Lorenzo Cavasanti en soliste dans les deux concertos en majeur (BWV 1053R et BWV 1055R), Liana Mosca dans le BWV 1056R, et les deux musiciens dans le double-concerto en ut mineur. Pour le BWV 1056R, avouons qu’on aurait préféré un accompagnement plus charnu que l’effectif chambriste que nous entendons ici, tant la violoniste ne surnage pas toujours des autres archets. Même si le lyrisme du Largo se trouve un peu surtendu, le jeu âpre de Liana Mosca n’en déborde pas moins d’autorité, même sur la corde raide. En revanche, il y a peu à critiquer et tout à admirer dans la prestation du flûtiste italien, dont la vélocité et les sonorités enjôleuses ravissent constamment. Lorenzo Cavasanti nous offre le luxe de cinq instruments différents, présentés en pages 22-23 du livret, dont un modèle en si bémol : son éclat peut rivaliser sans ternir face au violon dans le BWV 1060R, dont l’interprétation réconcilie chaleur et transparence analytique.

En complément, deux extraits instrumentaux de cantates. Non pas les no 169 et 49, utilisant le matériau du concerto BWV 1053 et qui auraient constitué un intéressant vis-à-vis au sein de ce programme en trompe-l’œil, mais les sinfonias des cantates BWV 76 (ici arrangée) et 182 (instrumentation originale). Un choix qui semble donc arbitraire, mais qui abonde un disque dans l’ensemble très réussi, et superbement valorisé par les micros, dans une acoustique claire et scrutatrice.

Son : 9 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

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