Beethoven en perspective avec Alain Altinoglu

par

Dans le cadre de sa saison symphonique au Palais des Beaux-Arts, l’Orchestre symphonique de La Monnaie et son directeur musical Alain Altinoglu proposent une intégrale des symphonies de Beethoven mise en relief avec des créations contemporaines qui permettent d’offrir de la visibilité aux solistes de l’orchestre.  Pour cette étape les Symphonies n°5 et n°6 étaient confrontées à la création du Concertino pour harpe (...after a soft Silence, an enormous Thunder…) du compositeur belge Wim Henderickx avec la harpiste Agnès Clément en soliste.

Gravir l’Everest beethovénien est toujours un événement, en particulier pour un orchestre de fosse qui n’a pas si souvent l’occasion de les pratiquer au concert. Alain Altinoglu impose un Beethoven conquérant et altier qui avance avec énergie et puissance. La Symphonie n°5  est un grand moment par la tension dramatique imposée et l’impact de cette vision solidement charpentée. L’Orchestre, galvanisé et chauffé à blanc lui répondait avec un enthousiasme convaincu et engagé. La Symphonie n°6, proposée en ouverture du concert, se satisfaisait d’une lecture au panache qui mettait en avant les pupitres en particulier la clarinette et le cor solo très inspirés. Au fur et à mesure de l’oeuvre, Alain Altinoglu imposait le climat et la tension idéales avec un “orage” vif et énergique avant un “Chant pastoral. Sentiments joyeux et reconnaissants après l'orage” d’une douceur idoine.  

Changement de registre avec la création mondiale du concertino pour harpe de notre brillant compatriote Wim Henderickx. Particulièrement rompu à l’exercice orchestral, le compositeur cisèle un matériau parfois brut et impactant, parfois d’une grande délicatesse de timbre. On perçoit parfois des références qui nous mènent de Stravinsky à Adams, mais tout cela reste fort personnel et superbement écrit. La partie harpe, fort narrative, s’immisce dans l’orchestre avec ce qu’il faut d’une touchante poésie (ce qui est plutôt rare dans la musique contemporaine). Soliste de La Monnaie et lauréate du prestigieux concours ARD de Munich, Agnès Clément se joue difficultés de la partition et impose une lecture racée et engagée de cette très belle oeuvre.

Cette étape du cycle Beethoven de La Monnaie fut un immense succès public (le concert était archi-complet au box-office) et témoigne de la qualité du travail de l’orchestre sous la baguette d’Alain Altinoglu.

Bruxelles, Bozar, 17 février 2019  

Crédits photographiques : Tine Claerhout

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.