Bernstein franchit le cercle polaire 

par

Leonard Bernstein (1918-1990) : Symphonie n°1 “Jeremiah” et Symphonie n°2 “The Age Of Anxiety”. Anna Larsson, mezzo-soprano ; Roland Pöntinen, piano. Artic Philharmonic, Christian Lindberg. 2017-Livret en anglais, allemand et français-59’49. Bis 2298

 Il est toujours intéressant d’observer que l’attrait pour un compositeur perdure au-delà des évènements liés à la célébration d’un anniversaire. C’est donc dans un état d’esprit positif que l’on accueille, deux ans après le Centenaire Bernstein, cette nouvelle gravure de ses symphonies n°1 et n°2. D’autant plus que ce nouvel enregistrement est à mettre au crédit de chef d’orchestre, compositeur et tromboniste Christian Lindberg qui dynamite régulièrement tout ce qu’il touche ! Les statisticiens noteront sur leurs tablettes que cet enregistrement permet à l’oeuvre de Bernstein de passer le cercle polaire car Christian Lindberg dirige son Orchestre Philharmonique de l'Arctique, phalange nordique située aux latitudes nordiques de ce pays ! 

La Symphonie n°1 de Bernstein est une oeuvre fascinante et hétéroclite : ses deux premiers mouvements semblent prolonger les expériences d’un Copland par leur verticalité dramaturgique alors que le dernier mouvement, chanté par une mezzo-soprano, apparaît comme un lointain songe mahlérien. C’est d’ailleurs la grande mezzo mahlérienne Anna Larsson qui officie avec brio ! Christian Lindberg parvient à ménager la virtuosité et la profondeur, même si son orchestre, d’une indéniable qualité, ne peut pas rivaliser avec la puissance brute des enregistrements de Bernstein avec le New-York Philharmonic (Sony), Marin Alsop avec le Baltimore Symphony Orchestra (Naxos) ou encore Gustavo Dudamel avec son Los Angeles Philharmonic (DGG). 

Basée sur un poème de Wystan Hugh (W.H) Auden, nommé “The Age of Anxiety”, la Symphonie n°2 pour piano et orchestre, place encore Bernstein dans l'héritage mahlérien avec une musique foncièrement narrative, entrecoupée de réminiscences de musique populaire (bien évidemment le jazz !). Le solide Roland Pöntinen livre une interprétation juste et contrastée, bien secondé par l’orchestre et son chef. La discographie de cette oeuvre est particulièrement superlative avec, outre les gravures du chef, celles de Jean-Yves Thibaudet et Marin Alsop, et Krystian Zimerman et Simon Rattle (DGG). 

Il n’empêche, il ne faut pas bouder son plaisir et cet enregistrement mérite une attention d’autant qu’il contribue à renforcer la présence au répertoire de deux grandes oeuvres du XXe siècle. 

Pierre-Jean Tribot

Son : 10  Livret : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 9

 

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