Brahms mis à l’honneur par le Budapest Festival Orchestra

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Ce dimanche 13 octobre a lieu le concert du Budapest Festival Orchestra à la Philharmonie du Luxembourg. La phalange hongroise est placée sous la baguette de son directeur musical, Iván Fischer.  Nous retrouvons également Nikolaj Szeps-Znaider en soliste au violon. Au programme de cette soirée consacrée au compositeur allemand Johannes Brahms, quatre œuvres : la Danse Hongroise N°17, le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77, la Danse Hongroise N°3 et pour finir la Troisième Symphonie en fa majeur, op. 90. Ce concert est organisé en hommage à Leurs Altesses Royales Le Grand-Duc Jean et la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte. Le Grand-Duc Henri est d’ailleurs présent au concert. L’hymne Grand-Ducal du Luxembourg, « De Wilhelmus », résonne lors de son arrivée.

Le concert débute avec la Danse Hongroise N°17 dans l’arrangement de Frigyes Hidas. Cette pièce est tirée des 21 Danses Hongroises, initialement composées par Brahms pour piano à quatre mains. Il en a arrangé certaines pour orchestre dont la première, la troisième (que nous entendrons plus tard dans la soirée) ou encore la dixième. Pour composer ces danses, Brahms s’est inspiré de la culture traditionnelle hongroise ainsi que du folklore tzigane et slave. L’interprétation de cette brève œuvre est une belle mise en bouche à ce qui va suivre.

Place maintenant au tout aussi célèbre que redouté Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77. Indéniablement une œuvre-phare du répertoire romantique pour violon. Composé en 1878, le concerto a été créé sous la direction de Brahms le 1er janvier 1879 à Leipzig par le Gewandhaus Orchester de Leipzig. Alors que le premier mouvement reçoit un accueil assez mitigé, le troisième mouvement est en revanche très applaudi. Le style « hongrois » n’y est probablement pas pour rien. 

Pour se confronter à ce mastodonte. nous retrouvons le violoniste israélo-danois Nikolaj Szeps-Znaider. Le premier mouvement, Allegro ma non troppo, débute avec une longue introduction orchestrale où deux des trois thèmes principaux du mouvement sont énoncés. Szeps-Znaider se mêle assez brièvement aux premiers violons pour jouer quelques extraits dans les tuttis sonores, probablement pour se chauffer un peu avant d’entrer en piste. Une cadence introduit le soliste avec une entrée franche. Il s’ensuit un long discours du violon jamais interrompu par l’orchestre. Ce dernier prête une attention particulière pour le suivre au mieux sans empiéter sur la partie de violon solo. Szeps-Znaider fait certes preuves de virtuosité mais ce premier mouvement manque parfois de fougue. Le violoniste israélo-danois choisi la cadence de Fritz Kreisler et l’interprète avec brio. Le deuxième mouvement, Adagio, débute avec des vents en état de grâce avec, pour preuve, le premier hautbois énonçant le thème avec une sensibilité plus que certaine. Szeps-Znaider fait preuve d’une grande musicalité avec de beaux contrastes. C’est certainement un des plus beaux moments de ce concerto. Le troisième mouvement, Allegro giocoso, ma non troppo vivace, vif et enjoué contraste complètement avec la douceur du mouvement précédent. Une belle énergie se dégage de ce mouvement au caractère dansant. 

La prestation est très bien accueillie par le public qui applaudit avec engouement les artistes du soir. Nikolaj Szeps-Znaider nous offre une interprétation de choix avec un chef à l’écoute pour guider la phalange hongroise dans cette œuvre. En bis, Szeps-Znaider interprète, avec le concours de l’orchestre, une pièce mexicaine transcrite pour violon et orchestre.

Après la pause, place à la Danse Hongroise N°3. Cette courte pièce est un beau prélude à la symphonie interprétée ensuite.

La Troisième Symphonie en fa majeur, op. 90 est composée en 1883 alors que Brahms rend visite à son amie Clara Schumann à Wiesbaden. Avec la création de cette symphonie au Musikverein de Vienne avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne, Brahms signe l’un des triomphes les plus importants de sa carrière.

Le premier mouvement, Allegro con brio, commence de manière grandiose avec de puissants accords avant d’entendre un des motifs principaux dans les cordes. L’interprétation de la partie centrale de ce mouvement reflète les couleurs tziganes imaginées par Brahms. La coda, héroïque, clôture de manière magistrale ce premier mouvement. Le second mouvement, Andante, voit un beau dialogue empli de poésie se construire entre les vents et les cordes. De très belles nuances sont réalisées par l’orchestre. Le troisième mouvement, Poco allegretto, est certainement le plus connu de la symphonie. La mélodie, à la fois lyrique et intimiste, est énoncée une première fois par les violoncelles. Notons vers la fin de ce mouvement le très beau solo de cor. Il est juste dommage que les cordes couvrent quelque peu ce sublime solo si délicat.

Le quatrième mouvement, Allegro, débute avec de grands airs conquérants. En revanche, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la symphonie se clôture en pianissimo et non pas de manière grandiose comme il est d’usage à cette époque-là.

En conclusion Iván Fischer ,et le Budapest Festival Orchestra nous livrent une excellente interprétation de cette symphonie. Le dialogue entre les cordes est fluide tandis que justesse et précision sont de mises dans l’harmonie. Un Fischer souriant emmène avec lui les musiciens de l’orchestre pour bâtir une version élaborée et cohérente de l’œuvre.

Pour le bis, Iván Fischer transforme son orchestre en chœur l’instant d’une pièce. Pour ne pas s’écarter du thème de la soirée, c’est une très belle œuvre de Brahms pour chœur a capella à six voix, Abendständchen, que les musiciens interprètent avec brio. Pour clôturer le concert, un trompettiste vient jouer à l’avant de la scène De Wilhelmus pour saluer le Grand-Duc Henri. Fischer sert d’ailleurs de pupitre en tenant la partition devant le trompettiste. C’est sur cette belle note que se clôture cette belle soirée dédiée à Johannes Brahms en compagnie du Budapest Festival Orchestra et Iván Fischer

Luxembourg, Philharmonie, le 13 octobre 2024

Thimothée Grandjean, Reporter de l’IMEP

Crédits photographiques : Sebastien Grebille 

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