Bruckner en RDA avec Herbert Blomstedt

Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonies  n°4 et n°7. Staatkapelle Dresden, Direction : Herbert Blomstedt. MDG/Denon MDG6502150

Herbert Blomstedt n’a de cesse de nous impressionner. Il est une sorte de Benjamin Button de la direction d’orchestre, le temps semble n’avoir aucune prise sur lui, mieux, sa vision paraît rajeunir enregistrement après enregistrement. Certes le geste est celui d’un jeune homme de 92 ans mais pas les idées ! 

Loin de 2019, c’est un superbe flashback dans l’art de ce chef éternel (alors quinqua) que nous offre le label MDG en exhumant la 4e et la 7e Symphonies d’Anton Bruckner datant de la période 1980-81 et captées pour le label japonais Denon. Un autre temps, un autre monde, Dresde et sa Staatskapelle étaient alors en RDA et le projet du Compact Disc encore au stade de sa conception. 

Jusque-là, rien d’extraordinaire, une réédition de plus parmi le fabuleux catalogue de la Deutsche Schallplatten... Grossière erreur ! Ce petit coffret est en fait un miracle ! Brucknérien parfois désabusé, nous rendons grâce à MDG pour son initiative. 

La Quatrième Symphonie tout d’abord n’est qu’audace, force tellurique et quête d’un absolu qui nous dépasse tous. Blomstedt est un bâtisseur de cathédrale sonore et les Dresdois en sont les maîtres d’œuvre et les orfèvres. Les cordes, les cuivres soulèvent en nous des émotions musicales parfois oubliées. Au-delà de la technique, c’est le souffle d’un certain esprit qui emporte tout sur son passage. 

Puisque nous parlons de cathédrale, durant l’âge d’or du gothique, on se transmettait ses techniques et son savoir-faire entre architectes afin d’en diffuser le modèle. On ressent ici ce même souci du rayonnement et de passage de témoin. Le poids de la tradition et d’un riche héritage jalonnent chaque seconde de cet incroyable double disque. Blomstedt prouvait déjà en 1981 qu’il était le digne successeur des Böhm, Kempe et autre Konwitschny...autant de brucknériens émérites. 

Difficile de dissocier la Septième de cette approche. Elle s’inscrit, Dieu merci, dans la même philosophie pour notre plus grand bonheur. Une réédition majeure dans le répertoire symphonique. Hautement recommandé ! Indispensable pour les amoureux du compositeur autrichien. 

Son : 8 - Livret : 10 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10

Bertrand Balmitgère