Chostakovitch, puissance orchestrale
Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°6 en si mineur, Symphonie n°7 en ut majeur, Musique de scène extraite du Roi Lear, Ouverture festive. Boston Symphony Orchestra, Andris Nelsons. 2017-Livret en allemand et anglais-128’-2 CD DGG. 00289 483 6728.
Le chef Andris Nelsons poursuit au rythme annuel son intégrale des symphonies de Chostakovitch au pupitre de son Boston Symphony Orchestra. Fort logiquement, le chef est fidèle à sa vision d’un Chostakovitch à la puissance orchestrale démoniaque et à la force du talent orchestrateur. Loin d’un Chostakovitch cérébral ou ultra-dramatique avec la noirceur d’un Mravinsky ou le questionnement d’un Sanderling (insurpassable dans la Symphonie n°6 chez Berlin Classic), Nelsons fait vrombir les pupitres. Le chef poursuit une veine d’un Chostakovitch décontextualisé qu’avait en son temps initié Bernard Haitink chez Decca et qui fut poursuivie, sans trop convaincre, par un certain nombre de chefs comme Oleg Caetani (Arts) ou Mark Wigglesworth (Bis).
Au pupitre d’un orchestre phénoménal dans la puissance de ses dynamiques et le fini des pupitres, Andris Nelsons fait naturellement un sort à la Symphonie n°7, emportée dans un souffle instrumental dantesque. Nelsons avec déjà gravé brillamment cette oeuvre avec son ex City of Birmingham Symphony Orchestra (Orfeo), mais en dépit de ses hautes qualités, cette phalange ne peut rivaliser avec le BSO ! Dans la noire Symphonie n°6, Nelsons ne perd pas le fil de la narration et évite de donner dans le clinquant facile. Sa lecture est brillante, construire mais jamais facile et vulgaire. Les extraits de la musique de scène du Roi Lear sont cernés avec la même attention et le même fini instrumental, tout comme la très très secondaire et dispensable Ouverture festive, qui pétarade comme jamais.
Ce double album est naturellement un must et une référence moderne dans ces oeuvres rabachées. Il s’appuie sur une prise de son magistrale qui fera honneur aux installations hifistes.
Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 10