Le Bruckner désacralisé d’Andris Nelsons
Anton Bruckner (1824-1883) : Symphonie n°6 en la majeur WAB 106 ; Symphonie n°9 en ré mineur WAB 109 ; Richard Wagner (1813-1883) : Siegfried Idyll WWW 103 ; Parsifal : Prélude de l’acte 1 WWW 111. Gewandhausorchester Leipzig, Andris Nelsons. 2018-Livret en anglais et allemand-80’33’’ et 71’25’’-DGG-483 6659
Au rythme de deux symphonies par an, Andris Nelsons poursuit son intégrale des symphonies de Bruckner au pupitre de son orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Intégrale dont la seule originalité est d’adosser les symphonies du Maître de Saint-Florian avec des oeuvres de Wagner.
Cette nouvelle parution se concentre sur les Symphonies n°6 et n°9. On peut reconnaître de la constance au chef qui depuis le début de cette somme impose un Bruckner orchestral, désacralisé et rendu à sa seule logique instrumentale. Pas de transcendance ou de métaphysique sous cette baguette qui sculpte la pâte orchestrale avec un hédonisme communicatif. Il faut dire que la plastique de la phalange saxonne est superbe et le chef peut se griser de la beauté des timbres et de la précision des pupitres à l’image de l’Adagio conclusif de la Symphonie n°9 aux lumières crépusculaires idoines. Ce traitement réussit mieux à la Symphonie n°6 qu’à la n°9 à laquelle il manque le plus qui fait passer d’une belle lecture à l’inoubliable. La Symphonie n°6 ayant moins besoin d’un abandon mystique, elle impressionne par la puissance du bloc instrumental en mode rouleau compresseur.
Andris Nelsons est plus à son affaire dans le Prélude de l’Acte 1 de Parsifal et dans Siegfried Idyll dont la narration plus opératique lui sied à merveille.
L’un des atouts de ce double album réside dans la qualité démonstrative de la prise de son. Que ce soit à Boston ou Leipzig, le chef letton est certainement le mieux enregistré de la scène actuelle ! Audiophiles compulsifs, ces enregistrements sont pour vous.
Son 10 – Livret 8 – Répertoire 10 – Interprétation 8