Concert surprenant du Baroque au Romantisme

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo est un orchestre remarquable qui arrive à passer d'un répertoire de différents styles en l'espace de quelques jours, de la musique baroque à la musique contemporaine en passant par tous les chefs-d'œuvre classiques et romantiques. Les musiciens excellent dans tous les genres tant pour les concerts symphoniques que pour les opéras ou les ballets.

Ainsi ce concert s'intitule "Du Baroque au Romantisme" et propose un choix d'œuvres magnifiques de Haydn, Gluck, Mozart et Beethoven.  C'est Giovanni Antonini, grand spécialiste du répertoire baroque et classique, qui est le chef invité à monter au pupitre.  Il est l’initiateur du projet "Haydn 2032" : enregistrer les 106 symphonies de Haydn à l'occasion du 300e anniversaire de la naissance du compositeur, avec son Giardino Armonico et le Kammerorchester Basel dont il est chef invité privilégié.  Il est donc évident de commencer le concert par une œuvre de Haydn, l'ouverture Philémon et Baucis. On se laisse bercer par les belles mélodies, et puis surprise, il enchaîne sans interruption avec Orphée et Eurydice et "Scène des Champs Elysées" de Gluck. C'est une pratique courante pour des récitals de piano, mais inhabituelle pour des concerts avec orchestre. Le public est un peu déstabilisé. Giovanni Antonini comprend parfaitement le langage musical de Haydn et de Gluck et le communique avec clarté et conviction. C'est frais, éblouissant, vibrant et enflammé.

Kristian Bezuidenhout est un fortepianiste, claveciniste et pianiste hors-pair. Il est un spécialiste de la pratique d'exécution historique, particulièrement pour les instruments à clavier historiques, mais il pratique également le piano à queue de concert. Ainsi,  le Steinway D s'impose dans toute sa longueur sur la scène de l'opéra. Au programme, le merveilleux Concerto pour piano n°22 en mi bémol majeur K.482 de Mozart. Si Bezuidenhout commence en douceur, il est écrasé par l'orchestre. Les cors jouent beaucoup trop fort ! Ce n'est qu'à partir du mouvement lent qu'on retrouve toutes les qualités du pianiste. Il est un alchimiste du piano incarnant l'esthétique musicale de Mozart.

Antonini dirige avec les mains, mais il ne s'impose pas à l'orchestre. Il y a un manque de cohésion entre le soliste et les musiciens. Bezuidenhout donne, en bis, l'Allemande en do mineur K399 de Mozart. Un moment de grâce.

En seconde partie, on retrouve la Symphonie n°4 de Beethoven. Chef de file de longue date du mouvement italien de musique ancienne, l'interprétation de Beethoven par Antonini est jouée comme à l'époque du compositeur. Les tempi sont extrêmement vifs et les rythmes pétillants. Beethoven était encore un compositeur classique au moment où il a composé cette symphonie et non un romantique avant la lettre. On apprécie l'authenticité de l'exécution. Un concert surprenant ! 

Monte-Carlo,  Dimanche 30 avril,   Salle Garnier 

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Marco Borggreve

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