Cri de l'âme

par

Francis POULENC (1899-1963)
Gloria, Litanies à la Vierge noire - Stabat Mater

Patricia PETIBON, soprano, Choeur de l'Orchestre de Paris, dir. Lionel SOW, Orchestre de Paris, dir. Paavo JÄRVI
2013-64'09- Présentation et textes en anglais, français, allemand-chanté en latin et français- DG 479 1497

A l'image de la couverture : silhouette incandescente s’élançant dans un paysage d'herbes et de silice, cet enregistrement reflète le mouvement spirituel qui mit en action l'esprit et le cœur las de Francis Poulenc en août 1936. Et qui nous valut la composition du plus admirable et du plus poignant répertoire de musique sacrée du XXème siècle. Tout le musicien des Dialogues des Carmélites est déjà là, dans sa spontanéité et sa quintessence. Curieuse coïncidence, c'est la décapitation accidentelle de son ami Octave Ferroud qui déclencha la crise spirituelle et la première vague d'inspiration. Il voulut se joindre par ces Litanies à la Vierge noire à la dévotion « paysanne » des pèlerins de Rocamadour. Et ce cri spontané, comme celui d'un enfant perdu, s'adresse à la figure féminine la plus parfaite qu'il connut si peu dans sa propre enfance et chercha en vain dans sa vie d'homme, Marie, tout comme le Stabat Mater plus tard. Ici, c'est la version orchestrée qui est présentée. Bien que l'on puisse préférer la version avec orgue, la vigueur des Choeurs de l'Orchestre de Paris donnent, ici, une impression assez rustique (à l'opposé de la pure délicatesse de la version des Westminster Singers). Et ce côté massif contraste également avec l'interprétation d'une ardente sophistication de la musicienne inspirée qu'est toujours Patricia Petibon. Ses attaques « blanches » d'où naissent les grandes orbes vocales animées de vibrato, pleines de vigueur, participent d'un choix que l'on peut ne pas partager mais qui est assumé, en phase avec certains aspects de l'esthétique de Francis Poulenc. Car il y avait, tout ensemble, chez Poulenc du déguisement, de la simplicité et de la spontanéité. La franchise d'émission d'une Kathleen Battle dans la version avec le Boston Symphony Orchestra placé sous la direction d'Osawa peut être préférée, dans une perspective différente, tout autant défendable.
Paavo Järvi concilie la clarté de l'orchestration, la cohérence des interventions solistes, le galbe musical, le contraste des élans véhéments et des repos extatiques, le tout dans une fusion sonore fort belle.
Et mérite final: l'émotion est là. Une réussite dans sa singularité.
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 9- Répertoire 10 -Interprétation 9

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