Das Lied von der Erde d’une seule voix

par
Mahler

Gustav MAHLER
(1860 - 1911)
Das Lied von der Erde
Wiener Philharmoniker, Jonathan Nott, direction – Jonas Kaufmann (chant)
2017-DDD-61’06 Textes de présentation en anglais, françaks et allemand-Sony Classical 88985389832

Quand le terme « Lieder » apparaît, on pense immédiatement à Schubert, rejoint très vite par Schumann, Brahms mais aussi Wolf ou encore Richard Strauss. Mais lorsqu’une œuvre comme Le Chant de la terre alterne pages soit pour ténor soit pour baryton, on s’étonne de voir le nom d’un seul chanteur sur la pochette, en l’occurrence ici, Jonas Kaufmann. La chose est osée voire risquée. Ténor de naissance, Kaufmann se plaît ici à revoir les six lieder que constituent cette grande symphonie. Et face à nos interrogations, la réponse vient de l’intéressé directement : « En concert, je me suis souvent demandé pourquoi deux chanteurs étaient nécessaires pour ces six lieder. Bien sûr, il y a de forts contrastes entre les morceaux et une différence notable de registre vocal, mais je me suis dit qu’il serait malgré tout intéressant de chanter le tout, du début, à la fin. En plus, j’adore les lieder pour voix grave et j’ai souvent envié mes partenaires baryton ou mezzo en concert, surtout pour le dernier morceau, « L’Adieu ». L’idée de chanter un jour les six lieder était là. J’ai mis longtemps à franchir le pas parce que les lieder pour ténor sont déjà à eux seuls tellement difficiles. Mais la « terreur » qu’ils m’inspiraient a fini par s’estomper et, à partir de ce moment, la tentation de chanter aussi les lieder pour baryton n’a cessé de grandir.
Autre fait étonnant, celui de voir le nom de Jonathan Nott, chef d’orchestre exceptionnel, à la direction ici du Wiener Philharmoniker alors que quelques mois auparavant, il enregistrait la même œuvre avec le Bamberger Symphoniker, mais cette fois avec deux solistes. Das Lied von der Erde est une œuvre si incroyable par la richesse du discours qu’elle dévoile à chaque lecture d’innombrables nouveautés, que l’on soit mélomane ou praticien. Partition entamée dans la tristesse, cette symphonie déguisée voit d’abord le jour en 1907 sous la forme d’un chant/piano avant son élaboration orchestrale qui nécessitera une année entière de travail. Si de prime abord, tout a de quoi surprendre, on est finalement agréablement surpris par la vision proposée ici. Jonathan Nott démontre à nouveau sa capacité à rentrer au sein d’une large structure pour en faire émerger les plus belles trouvailles qui la composent. L’orchestre se dévoile comme un excellent dialoguiste, puisque finalement, « ce ne sont pas des lieder avec accompagnement d’orchestre, mais un dialogue entre l’orchestre et les chanteurs ». Et puis, la voix de Jonas Kaufmann démontre une capacité innée à restituer l’esprit de chaque pièce, et même celles écrites pour une autre tessiture. Ce rêve de jeunesse, Kaufmann le saisit et le sublime par son expérience et sa maturité. Si le choix de tout interpréter pourrait faire grincer des dents, il faut mesurer le défi et en saluer le risque qui offrent ici une lecture en tout point passionnante.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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