David Fray et l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo
On retrouve l’excellent pianiste David Fray à Monte-Carlo pour le dernier concert du mois de mai de l'Orchestre Philharmonique. Le musicien dirige du clavier la phalange monégasque dans un exercice jouer/diriger qu’il affectionne particulièrement.
Le concert commence par trois chefs-d'œuvre de Jean-Sébastien Bach: les Concertos pour deux pianos et orchestre BWV 1060, 1061 et 1062. Ce sont des transcriptions de la main même de Bach. David Fray et son confrère Emmanuel Christien ont eu le même professeur et ils se connaissent depuis des années. Même s'ils ont des jeux différents et contrastés, ils forment un duo magique. Ils nous donnent une magnifique interprétation, pleine d'allégresse. Il y a une très belle synergie entre les voix. La rigueur du travail est totalement dépassée par l'élan, la ferveur communicative des interprètes. Quelle flamme ! On sort de là avec un dynamisme et un tonus renouvelés.
Le public pouvait être surpris par le placement des deux pianos. Ils sont d'habitude placés en tête ou côte à côte mais ici le deuxième piano est dans le prolongement du premier. Emmanuel Christien est le "pianiste invisible", mais l'avantage c'est qu'il suit tout à la lettre. Le tempo, l'articulation, la métrique, tout coule de source. Entourés des merveilleux musiciens de l'O.P.M.C., on vit un merveilleux moment de musique de chambre.
En seconde partie, David Fray interprète le Concerto n°20 KV 466 de Mozart à un rythme effréné. C'est un des plus beaux morceaux de musique jamais écrits et Mozart nous parle de toute la gamme des émotions humaines : joie, tristesse, colère, peur, surprise. Pourquoi jouer ce concerto avec tant de hâte ? Heureusement que David Fray nous a réconcilié avec le bis un Impromptu de Schubert qu'il interprète au plus près de la perfection.
Monte Carlo, Auditorium Rainier III, le 22 mai 2022
Carlo Screiber
Crédits photographiques : Sumyo Ida